
Comme une bonne élève, Nikki Haley a remis sa copie avant les autres. Une copie lisse, cochant toutes les cases conservatrices classiques. En confirmant sa candidature à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2024, mercredi 15 février, lors d’un premier meeting en Caroline du Sud, l’ancienne gouverneure de cet Etat est la première à entrer dans l’arène face à Donald Trump.
Sans jamais prononcer le nom de l’ancien président, Nikki Haley, 51 ans, a lancé un appel aux militants républicains, rassemblés autour d’elle à Charleston. « Si vous en avez assez de perdre, placez votre confiance dans une nouvelle génération », a-t-elle dit. Sa proposition impertinente : « Des tests obligatoires de compétence mentale pour les politiciens de plus de 75 ans. » Joe Biden et Donald Trump auraient respectivement 82 et 78 ans s’ils étaient élus en 2024.
S’engageant contre « le défaitisme et le socialisme », Nikki Haley a insisté sur ses origines et son histoire personnelle. Son premier clip de campagne commence par la voie de chemin de fer qui partageait la petite ville de Bamberg, en Caroline du Sud, entre quartiers blancs et noirs. « J’étais la fière fille d’immigrés indiens. Ni noire ni blanche. J’étais différente. » Dans son discours, la candidate a souligné que « l’Amérique n’est pas un pays raciste ». La synthèse entre diversité et patriotisme peut-elle séduire ?
Nikki Haley va enchaîner immédiatement avec deux déplacements dans l’Iowa et le New Hampshire, Etats clés au début du cycle des primaires. « Que la meilleure gagne ! » lance-t-elle. Elue gouverneure à deux reprises (2011 et 2014), après avoir surmonté l’hostilité de l’appareil républicain local, Nikki Haley se croit capable de déjouer les pronostics sur un affrontement entre Donald Trump et le gouverneur de Floride, Ron DeSantis.
« En campagne, elle est tenace, personne ne peut la dépasser, explique Rob Godfrey, qui fut l’un de ses conseillers pendant ses deux mandats locaux. Elle s’est assise dans des cercles restreints où il faut arracher les voix une à une, et elle a géré des foules électrisées. L’ancien président Trump n’a jamais fait face à un candidat avec son passé et ses atouts. Cela devrait créer une dynamique intéressante. »
« La version américaine de Margaret Thatcher »
Partant vite en campagne, Nikki Haley espère profiter de l’attentisme des autres concurrents. « Je pense que Nikki Haley est la version américaine de Margaret Thatcher [ex-première ministre britannique] », a expliqué à la tribune Ralph Norman, élu de Caroline du Sud à la Chambre des représentants. Nikki Haley mise aussi sur un intérêt potentiel des électeurs issus des minorités, le GOP étant dominé par les figures masculines blanches. Enfin, elle représente une forme de sophistication, dans son apparence et ses discours, qui la distinguent des vedettes extrémistes du trumpisme au Congrès, comme Marjorie Taylor Greene (Géorgie). Reste à savoir si ce point est un atout ou un handicap.
Il vous reste 59.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.