
Comment accélérer la production de munitions pour remplir les stocks européens et en fournir davantage à l’Ukraine ? Alors que Volodymyr Zelensky présentait, jeudi 8 février, lors du Conseil européen à Bruxelles, sa « liste de courses » d’armes – que les Ukrainiens connaissent « parfois mieux même que les Etats membres », s’amuse une source – Kaja Kallas, la première ministre estonienne, a fait une proposition à ses pairs : que l’Europe achète en commun des pièces d’artillerie pour les transférer directement en Ukraine.
« Un peu comme nous avons su le faire pour les vaccins pendant la pandémie de Covid. La Commission a réuni les demandes, les fonds des Etats, et a passé les commandes, confiait vendredi à quelques journalistes européens dont Le Monde, Mme Kallas. Cela a fonctionné, donc pourquoi ne pas le faire pour les armes ? Cela donnerait de la visibilité aux industriels. »
Selon la première ministre estonienne : « la Russie est passée en économie de guerre, avec des usines qui tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre. En Europe, nous n’avons pas encore accéléré la cadence. Or, la Russie envoie en moyenne 20 000 pièces d’artillerie par jour contre les forces ukrainiennes. C’est l’équivalent de la production mensuelle européenne ! » En Europe, la base industrielle et technologique de défense européenne réclame depuis plusieurs mois des commandes s’étendant sur plusieurs années afin d’investir et d’augmenter leurs capacités de production.
« Il faut établir rapidement un plan à long terme »
« Après un an de guerre, il est étonnant que les capacités de production d’armes n’aient toujours pas été augmentées, remarque Sven Biscop, spécialiste des questions de défense au think tank belge Institut Egmont. Il faut établir rapidement un plan à long terme, car nous avons vu qu’il y avait un problème de profondeur des stocks en Europe. Quel que soit le scenario futur en Ukraine, il faudra poursuivre les aides en matière de matériel militaire. »
De fait, la nouvelle proposition estonienne « permet de remettre un peu d’urgence sur ce sujet », selon un haut fonctionnaire européen. Il a pourtant surpris le président du Conseil de l’Union européenne (UE) Charles Michel et son entourage. « Le sujet était sur la table au sommet de Versailles » en mars 2022, confie une source européenne. « La Commission avait été mandatée et on n’a rien vu venir… » A l’automne, l’exécutif européen a bien présenté son texte pour lancer des achats conjoints de matériels d’urgence – dit Edirpa – doté de 500 millions d’euros…
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