
La dernière fois qu’on avait parlé de Villeron dans les médias nationaux, c’était il y a douze ans. La petite commune du Val-d’Oise avait été « coupée du monde » trois jours durant à cause de chutes de neige. Si Villeron a vu de nouveau débarquer la presse, ces derniers jours, c’est pour raconter cette fois comment certains de ses habitants ont chassé, dimanche 5 février, les occupants d’un campement installé depuis l’automne 2022 dans le bois qui borde le village, non loin des ruines d’un château du XVIIIe siècle.
Une centaine de Roms avaient constitué un bidonville fait de cabanes en bois dans cette commune où Marine Le Pen est arrivée en tête de l’élection présidentielle et que dirige, depuis 2014, Dominique Kudla (sans étiquette). L’édile est aujourd’hui pointé du doigt pour avoir soutenu et accompagné le rassemblement qui a mené à l’expulsion et à la destruction du bidonville. « Le maire a pour mission d’être le garant de l’Etat de droit. Nous désapprouvons totalement et sans ambiguïté ce qui s’est passé », déclare le préfet Philippe Court. Une enquête a été ouverte pour préciser, notamment, « s’il y a eu ou non des violences aux personnes ainsi que des dégradations de biens », annonce le parquet de Pontoise.
Parallèlement, trois des anciens occupants du bidonville ont déposé une plainte le 7 février pour « violence commise en réunion ». D’après les procès-verbaux consultés par Le Monde, ils expliquent que le 5 février, environ 200 personnes ont manifesté devant le campement jusqu’à ce qu’un groupe d’une quarantaine d’entre eux les invective, leur jette notamment des bouteilles de verre et les fasse fuir en laissant derrière eux la plupart de leurs effets personnels.
M. Kudla refuse désormais de parler à la presse. Il y a un an, dans le journal de l’agglomération de Roissy-Pays-de-France, ce retraité de 72 ans était décrit par « son franc-parler et son énergie ». Il disait avoir pour modèles Jean Jaurès et Louis Pasteur, et pour devise « rester droit dans ses bottes ». Il fait désormais profil bas. Dans la gazette de sa commune, il avait vilipendé « les dérives du nomadisme destructeur de la communauté rom » ou encore une « population sans foi ni loi », dont l’errance est encouragée par « l’Europe ». « Rien que d’évoquer leur nom, mes poils se hérissent », écrivait-il encore.
« C’est une commune qui accueille »
A Villeron, la mauvaise publicité faite à la ville dérange, mais l’édile garde ses soutiens. Une employée de la mairie, qui souhaite conserver son anonymat, estime que M. Kudla est « vraiment un bon maire », qui a porté la transformation de la commune, passée de 700 à 2 000 habitants en une poignée d’années.
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