
Le président du Comité international olympique (CIO) est formel. « Ce n’est pas aux gouvernements de décider » de la participation de certains pays aux compétitions internationales, et notamment aux Jeux olympiques de Paris en 2024. « J’ai discuté avec de nombreux sportifs ukrainiens ces derniers mois, et beaucoup d’entre eux nous soutiennent, parce qu’ils savent à quel point nous partageons leur souffrance et les efforts que nous faisons pour les aider », a indiqué Thomas Bach, dimanche 12 février à Courchevel, où il assistait aux championnats du monde de ski alpin.
Une réponse aux propos de Kiev accusant l’instance basée à Lausanne (Suisse) d’être un « promoteur de la guerre » en Ukraine. Le dirigeant ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réclamé à plusieurs reprises l’exclusion des sportifs russes et biélorusses des prochains Jeux olympiques, appelant encore cette semaine à « protéger la charte olympique ».
Invité, vendredi 10 février, à s’exprimer en ouverture d’une réunion des ministres des sports de trente-cinq pays pour aborder la question d’une possible réintégration des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales, le président ukrainien a estimé que leur présence serait « signe de violence et d’impunité ». Et de faire valoir : « Cela ne peut pas être couvert par une prétendue neutralité ou un drapeau blanc. Parce que la Russie est maintenant un pays qui tache tout de sang – même le drapeau blanc. (…) Le Comité international olympique a besoin d’honnêteté. Une honnêteté qu’il a malheureusement perdue. »
« Violation de leurs droits »
Le 25 janvier, le CIO a dévoilé une feuille de route balisant les conditions d’un retour des sportifs russes et biélorusses – sous drapeau neutre et pour peu qu’ils n’aient « pas activement soutenu la guerre en Ukraine » –, arguant qu’« aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport ».
« Un rapporteur du Conseil des droits de l’homme des Nations unies nous a dit que l’exclusion d’athlètes russes ou biélorusses seulement en raison de leur passeport est une violation de leurs droits », a précisé le patron du CIO dimanche.
Plusieurs Etats européens, dont la République tchèque, l’Islande, la Norvège, la Suède et la Pologne, ont déjà fait part de leur ferme opposition à toute réintégration. Bien que peu nombreux, certains – la Lettonie, l’Estonie et la Pologne – avaient même dit envisager un boycott de la grand-messe du sport. Dans un courrier daté du 31 janvier et révélé jeudi par le comité olympique ukrainien, le président du CIO, Thomas Bach, a dénoncé cette posture comme allant « à l’encontre des fondamentaux du mouvement olympique ».
Membre du CIO et président de la commission des athlètes de Paris 2024, l’ex-star du biathlon Martin Fourcade s’est dit samedi favorable au retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions. « En tant que représentant des athlètes et en tant que sportif, je pense que nous devrions réfléchir à un retour des athlètes russes et biélorusses dans les compétitions sportives », a déclaré le Français dans un entretien en anglais avec la chaîne NRK. Selon lui, ces athlètes russes et biélorusses devraient pouvoir concourir sous bannière neutre, tout en précisant qu’il « soutient totalement le peuple ukrainien ».
Une question de principe, selon Martin Fourcade
La commission des athlètes du CIO est divisée sur la question d’une possible réintégration. « Ce n’est pas comme s’il y avait une majorité claire de oui ou de non. C’est vraiment équilibré », a fait savoir Fourcade. Se disant favorable aux sanctions contre les autorités russes, l’ancien biathlète a aussi rappelé avoir été un des seuls athlètes à s’attaquer publiquement au dopage russe qui a notamment entaché les JO de Sotchi.
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Jouer
Le quintuple champion olympique a souligné qu’il s’exprimait à titre personnel et qu’il s’agissait d’une question de principe, pas nécessairement liée aux JO de Paris. « Pour moi, Paris ou pas Paris, ce n’est pas la question. Ma position n’est pas liée à une date [donnée] ou à la prochaine Coupe du monde », a-t-il ajouté.
Côté français, la situation est confuse. Quelques jours après avoir défendu le principe de la bannière neutre pour ne pas « priver les athlètes de leur compétition », la maire de Paris, Anne Hidalgo, a rétropédalé. La socialiste, qui était en visite dans la capitale ukrainienne jeudi, s’est finalement dite contre leur participation tant que la guerre continuerait.