Un ancien policier condamné pour avoir volé des vendeurs à la sauvette

Mamadou S. est SDF, sans-papiers, vendeur à la sauvette dans le quartier de la Goutte-d’Or, à Paris. Il a plutôt l’habitude de fuir les policiers que de les solliciter. Pourtant, en ce mois de mai 2022, il se présente spontanément au commissariat du 18e arrondissement. Le matin même, explique-t-il, il a été contrôlé par des collègues à eux. L’un des policiers qui l’a fouillé lui a dérobé les 50 euros qu’il avait sur lui, affirme-t-il. De l’homme, il donne une description physique précise. Vérification faite, un équipage a bien circulé ce matin-là dans le quartier.

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A Mamadou S., on soumet un album photos. Sans hésiter, il pointe son doigt sur l’un des visages qui lui sont présentés. Au commissariat, on prend très au sérieux la déposition du vendeur à la sauvette. La personne désignée, Kevin F., est une jeune recrue. Cela fait moins d’un an qu’il est entré dans la police ; avant, il était militaire. Ce n’est pas la première fois que ses chefs nourrissent des doutes à son propos. Pris aussitôt à part par son supérieur hiérarchique, Kevin F. avoue. Cinq billets de 10 euros, soit toute la fortune de Mamadou S., sont retrouvés dans ses poches.

Mamadou S. n’est pas venu à l’audience qui s’est tenue, mardi 14 février, devant le tribunal correctionnel de Paris. Pas plus qu’Adel H., Kader A. ou Amine F. , tous vendeurs à la sauvette comme lui, ni Hervé M., dont les noms sont inscrits sur la liste des parties civiles. Kevin F., lui, se tord les mains à la barre. Poursuivi pour vol et soustraction de biens par personne dépositaire de l’autorité publique, il a démissionné de la police et travaille désormais comme logisticien dans une grande surface.

« J’en avais marre de ce va-et-vient »

Sur les six faits qui lui sont reprochés, il en reconnaît quatre. Celui d’Adel, interpellé en mars 2022 pour vente de stupéfiants, et qui avait dû déposer les 100 euros qu’il possédait lors de sa fouille. Quand il était sorti libre du commissariat et avait demandé à récupérer ses affaires, les 100 euros avaient disparu. Pareil pour les 500 euros déposés par deux autres vendeurs à la sauvette. Hervé M., interpellé pour conduite sans permis, avait eu la mauvaise surprise de découvrir que sur les 820 euros que contenait son portefeuille à son arrivée dans les locaux de la police, il n’en restait que 480. Il avait vigoureusement protesté et, miraculeusement, les 340 euros manquants étaient réapparus. A chaque fois, Kevin F. s’était chargé de la fouille.

Face au tribunal qui lui demande de s’expliquer, Kevin F. est à la peine.

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