Une offre à trois, en espérant que l’union fera la force. Les trois hommes d’affaires Stéphane Courbit, Daniel Kretinsky et Pierre-Edouard Stérin ont déposé à la dernière minute, mercredi 15 février, une offre conjointe auprès du vendeur, le groupe Vivendi, pour racheter le groupe d’édition Editis (Robert Laffont, Plon, Bordas, 10/18…). Le milliardaire tchèque (qui détient les magazines Marianne, Elle et Télé 7 Jours et est aussi actionnaire à titre indirect du Monde) avait été le premier à déclarer officiellement qu’il était intéressé et envisageait initialement une candidature en solo.
Stéphane Courbit, le producteur audiovisuel fondateur de Banijay et de Betclic (paris sportifs), Daniel Kretinsky et Pierre-Edouard Stérin, le fondateur de Smartbox se sont alliés dans la dernière ligne droite, selon les informations de La Lettre A publiées jeudi 16 février.
Les prétendants avaient jusqu’au 15 février pour remettre leur offre finale aux trois banques −Lazard, BNP Paribas et Hottinguer − mandatées par le groupe de Vincent Bolloré. L’éditeur italien Mondadori, contrôlé par la famille Berlusconi, le groupe canadien Québecor et le groupe de presse Reworld auraient aussi fait une proposition d’achat. Vivendi, tout comme les candidats, n’a pas souhaité faire de commentaires.
Le trio Courbit-Kretinsky-Stérin se serait entendu pour qu’au sein d’Editis, toute décision soit votée à l’unanimité et qu’un directeur général ou une directrice générale de l’entreprise ait pour mission de garantir l’indépendance des 53 maisons d’édition. Leur intention est de lui donner les moyens de travailler, quitte à procéder à de nouvelles acquisitions.
Potentielle situation de conflit d’intérêts
Si Stéphane Courbit a voulu s’adjoindre ces deux alliés, c’est sans doute aussi pour démontrer sa sincérité quant à sa volonté d’assurer l’indépendance de la maison. Le producteur, qui propose d’investir à titre individuel dans Editis, par le biais de sa société holding LOV Group, est un ami de Vincent Bolloré. Or Vivendi est déjà actionnaire à hauteur de 19,6 % de FL Entertainement, le groupe coté de M. Courbit qui chapeaute Banijay et Betclic, ce qui peut créer une potentielle situation de conflit d’intérêts.
Renonçant à son idée de mégafusion entre Hachette et Editis, Vivendi avait annoncé, fin juillet 2022, sa décision de se séparer d’Editis
Cela étant, Pierre-Edouard Stérin correspond au profil des patrons « Bolloré-compatibles » et est souvent cité parmi les soutiens d’Eric Zemmour, souligne La Lettre A. Catholique, domicilié à Bruxelles, il a investi dans le parc du Puy du Fou de la famille de Villiers. Il a récemment cofinancé le long-métrage Vaincre ou mourir, de Vincent Mottez et Paul Mignot, sur les Chouans en Vendée. « Passer des mains de Bolloré à celle d’un soutien du Puy du Fou et de Zemmour, il y a de quoi avoir peur de l’avenir », commente un salarié d’Editis.
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