une première vague d’arrestations vise des promoteurs immobiliers

Les premières arrestations ont eu lieu vendredi 10 février et elles se sont poursuivies tout le week-end. Face au vent de colère qui souffle en Turquie, prenant à la fois pour cible la lenteur des secours et les promoteurs immobiliers impliqués dans la catastrophe, les autorités turques ont choisi de réagir sur ce second volet en incarcérant une quarantaine d’entrepreneurs et maîtres d’ouvrage. Quelque 134 enquêtes ont été lancées, et le ministère de la justice a demandé aux 148 procureurs de la République des dix provinces touchées par le séisme d’ouvrir des bureaux d’investigation afin d’identifier les responsables de la construction des bâtiments qui se sont effondrés.

Devant la résidence Rönesans, à Antakya, le 9 février 2023.

Le promoteur Mehmet Yasar Coskun a ainsi été appréhendé à l’aéroport d’Istanbul alors qu’il tentait de fuir pour le Monténégro après avoir retiré une grosse somme d’argent. L’homme d’affaires a été le maître d’ouvrage de l’immeuble « Rönesans » (Renaissance) construit à Antakya, dans le sud de la Turquie, il y a dix ans, avec sa piscine et ses 250 appartements. Le matin du tremblement de terre, le 6 février, le bâtiment a basculé sur le flanc, tuant une grande partie de ses occupants.

Dans sa déposition, M. Coskun a rejeté les accusations portées contre lui. « J’ignore pourquoi le bâtiment s’est effondré. Tous les permis avaient été délivrés après les études effectuées par la mairie et la compagnie de contrôle », a-t-il affirmé. Le permis pour cette résidence avait été signé en 2021 par le district d’Ekinciler, dans la région d’Hatay. Le maire de l’époque, Seyfettin Yeral, a confirmé au site d’information T24 avoir délivré cette autorisation, mais avancé que « le contrôle a été fait par une compagnie privée ». L’ex-édile a tenu à préciser : « Nous n’avions pas d’employé pour l’effectuer de toute façon. »

Quelques heures plus tard, toujours à l’aéroport, la police a arrêté le promoteur immobilier Yavuz Karakus et son épouse, en partance pour la Géorgie. L’homme, riche promoteur immobilier d’Adiyaman, l’une des villes les plus touchées par le tremblement de terre, s’est défendu en expliquant : « J’ai construit quarante-quatre bâtiments, quatre se sont effondrés. J’ai tout fait selon les règles, ma conscience est tranquille. »

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Sur la rive asiatique d’Istanbul, à Atasehir, l’entrepreneur et responsable légal technique, originaire de Gaziantep, Mehmet Ertan Akay a été interpellé par les forces de l’ordre devant des caméras de télévision. Il est accusé d’avoir causé la mort par « négligence » et enfreint le code de la construction immobilière. Il a été transféré par les autorités dans sa ville du Sud.

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