La mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) décrit, dans un message adressé au cours du week-end à son personnel, une situation sécuritaire « de plus en plus volatile » dans l’est du pays, où les combats se poursuivent.
La rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars), majoritairement tutsi, « a atteint la périphérie nord de Sake [à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu] », précise la mission onusienne, qui ajoute que « d’autres éléments armés ont été repérés dans le parc national des Virunga et menacent de couper la route Goma-Sake ».
Le message contient des consignes de confinement et d’évacuation à destination du personnel de la Monusco à Goma, ainsi qu’une carte de rassemblement en cas de détérioration aiguë de la situation.
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Goma, qui compte plus d’un million d’habitants et près d’un million de déplacés, est encerclée par la rébellion du M23 et des unités de l’armée rwandaise depuis février, qui a vu l’intensification des affrontements. Les seules voies de sortie sont le lac Kivu, au sud, et la frontière rwandaise, à l’est.
Jeudi 4 avril, les troupes indiennes de l’Organisation des Nations unies (ONU) déployées autour de Sake pour empêcher la progression des rebelles vers Goma ont abandonné leurs positions, contre l’avis de leur hiérarchie, selon un document interne de la Monusco consulté par l’Agence France-Presse (AFP). « Au moins trois positions défensives » ont été prises « par le M23 et l’armée rwandaise » après leur abandon par les soldats indiens, est-il écrit dans le même document.
De larges pans du Nord-Kivu conquis par le M23
Dimanche matin, des milices supplétives des FARDC (Forces armées de la RDC) ont ouvert le feu contre des casques bleus dans la périphérie de Sake, « avec environ 350 munitions d’armes légères et deux roquettes de type RPG », a rapporté la mission.
Samedi soir, l’explosion d’une grenade dans un camp de déplacés, entre Goma et Sake, a fait cinq morts et plusieurs blessés, selon des sources médicales à Goma. Contactés, les autorités et les responsables du camp disent ne pas avoir de précision concernant les auteurs des faits.
Des échanges de tirs d’artillerie ont eu lieu samedi et dimanche autour de Sake et dans la périphérie ouest de Goma. Deux civils seraient morts, et deux autres, blessés, à Mushaki (à dix kilomètres à l’ouest de Sake, en zone M23), selon plusieurs sources jointes par téléphone depuis Goma. Elles attribuent ces tirs à la coalition gouvernementale.
Après huit ans de sommeil, le M23 a repris les armes à la fin de 2021 et, avec le soutien du Rwanda, s’est emparé de larges pans du Nord-Kivu. Dimanche, les autorités rwandaises ont ouvert à Kigali les cent jours de commémoration du génocide des Tutsi, il y a trente ans, durant lequel plus de 800 000 personnes avaient été tuées en une centaine de jours.