une toxine retrouvée dans les os du poète chilien, sa famille dénonce un empoisonnement

Le poète Pablo Neruda reçoit le prix Nobel de littérature, à Stockholm, en Suède, le 12 octobre 1971.

23 septembre 1973. Le Chili vient de basculer dans la dictature, douze jours plus tôt, à la suite d’un coup d’Etat fomenté par l’armée dirigée par le général Augusto Pinochet. Salvador Allende, le président socialiste, démocratiquement élu en 1970, s’est suicidé au sein même du palais présidentiel, bombardé par l’armée. A la radio, cette autre information retentit : le poète Pablo Neruda est mort, à l’âge de 69 ans. La cause officielle ? Le cancer de la prostate dont il souffrait a fini par l’emporter. Mais en apprenant la nouvelle, sa famille tressaille : « Tout de suite ma mère me dit : “Ton oncle a été assassiné !” », se rappelle Rodolfo Reyes, 73 ans aujourd’hui, et neveu du poète, Ricardo Eliécer Neftali Reyes Basoalto de son nom de naissance.

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Suivent des années de peur, marquées par l’impossibilité de formuler ouvertement cette suspicion, jusqu’au retour de la démocratie, en 1990. En 2011, une enquête est ouverte sur la cause du décès du Prix Nobel de littérature. Douze ans plus tard, elle débouche sur l’analyse d’experts scientifiques, dévoilée par les avocats de la famille de Pablo Neruda, lundi 13 février : du clostridium botulinum, une bactérie à l’origine d’une toxine mortelle a été retrouvée dans les restes osseux de Pablo Neruda.

Selon les avocats de membres de la famille – parmi lesquels, Rodolfo Reyes – cela ne laisse aucune place au doute : Pablo Neruda a été empoisonné. La bactérie « a été administrée et a circulé dans son système sanguin. C’est une arme biologique », affirme Rodolfo Reyes. Néanmoins, deux membres du panel d’experts se rangent du côté de la prudence. La bactérie clostridium botulinum « était présente au moment de sa mort mais nous ne savons toujours pas pourquoi. Nous savons simplement qu’elle ne devrait pas être là », ont indiqué Hendrik et Debi Poinar de l’université canadienne McMaster à l’Agence France-Presse, jeudi 16 février.

Décédé après une « injection dans le ventre »

En 2017, déjà, un groupe d’experts avaient exclu la mort par « cachexie cancéreuse » à savoir une aggravation du cancer, comme stipulé sur le certificat de décès. Pour autant, ces experts n’avaient pu confirmer ni infirmer la théorie de l’empoisonnement. Celle-ci est notamment portée par l’ancien chauffeur du poète, Manuel Araya. Interviewé par Associated Press au mois de février, il assurait que Pablo Neruda est décédé après « une injection dans le ventre » à la clinique Santa Maria où il était hospitalisé à Santiago. Une version obtenue d’une infirmière, selon Manuel Araya.

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