
Fidèle à l’excellence horlogère suisse, Marco Odermatt a, une nouvelle fois, fait preuve d’une fiabilité sans faille, vendredi 17 février à Courchevel. Cinq jours après l’or en descente, le skieur helvète a été sacré champion du monde de slalom géant, devant son compatriote Loïc Meillard (médaillé d’argent à 32 centièmes) et l’Autrichien Marco Schwarz (médaillé de bronze à 40 centièmes). Premier Français, Alexis Pinturault a terminé septième de la course, après une belle seconde manche ; champion du monde en titre de géant, Mathieu Faivre, en méforme depuis le début de la saison, termine à une lointaine 19e place.
Le champion du Nidwald, un canton en plein cœur de la Confédération helvétique, s’est joué des pièges de L’Eclipse. Prudent lors de la première manche, tout juste coupable d’une légère faute sur une piste verglacée très exigeante, Marco Odermatt a fait parler sa technique sur le second parcours, tracé entre ombre et lumière par l’entraîneur suisse. En plus d’être efficace, son toucher de neige tout en douceur est d’un esthétisme absolu.
« Odermatt, c’est le Federer du ski, il arrive à faire des choses que les autres ne font pas. Il y a eu des machines par le passé dans notre sport mais lui, c’est un artiste, c’est un génie », avait encensé le descendeur français Johan Clarey, après la masterclass du Suisse le 12 janvier, lors de la descente des Mondiaux : Odermatt avait décroché l’or – sa première victoire dans la discipline – après une course proche du chef-d’œuvre.
Difficile de donner tort au vétéran (42 ans) de l’équipe de France, vice-champion olympique à Pékin. Sa déception lors du super-G vite oubliée en première semaine (quatrième), Marco Odermatt est venu chercher en Savoie, avec ses deux titres de champion du monde, ce qui manquait à son immense palmarès.
« La nouvelle star du ski alpin »
A seulement 25 ans, le Suisse aux 19 victoires en Coupe du monde compte également dans son armoire à trophées une médaille d’or olympique en géant à Pékin – malgré des Jeux en demi-teinte –, et un gros globe du classement général de la Coupe du monde, décroché en 2022 haut la main devant le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde. On ne voit pas bien, avec plus de 300 points d’avance, qui pourrait l’empêcher d’en soulever un autre lors des finales de Soldeu (Andorre) en mars.
« Odermatt, c’est la nouvelle star du ski alpin. On en a pour une décade, admire Fabien Saguez, le président de la Fédération française de ski, qui ajoute que le Suisse n’en finit pas de progresser. Il est déjà quasi intouchable en géant. » Avec cette nouvelle victoire, « Odi », vainqueur de quatre des cinq géants qu’il a disputés cette saison, assoit sa domination sur sa discipline de prédilection.
Pour Luc Alphand, « c’est le prototype du skieur qui skie avec son cerveau ». « Il a mûri, il est mentalement très fort en plus d’être naturellement très rapide. S’il n’a pas de problèmes physiques, il va en empiler les victoires », observe le vainqueur du gros globe en 1997, consultant sur ces Mondiaux pour France Télévisions.
Le ski mondial semble en effet avoir pris un abonnement avec le Nidwaldien. Sauf blessure, Marco Odermatt pourrait marquer son sport comme l’Autrichien Marcel Hirscher l’a fait dans les années 2020 (huit gros globes consécutifs). En attendant, le Suisse, toujours souriant, dans la victoire comme dans la défaite, fait déjà l’unanimité sur le circuit. Sacré deux fois à Courchevel, le voici adoubé nouveau roi du ski alpin.