3 303 milliards d’euros, un nouveau sommet pour la dette française

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« La dette est notre ennemi. » En 2007, François Bayrou en avait fait le cœur de sa campagne malheureuse pour l’Elysée. Dix-sept ans plus tard, l’adversaire n’est pas terrassé. Le nouveau premier ministre le retrouve au contraire plus trapu, musclé, plus menaçant que jamais. De 1 200 milliards d’euros en 2007, la dette publique française est montée à 3 303 milliards à la fin du troisième trimestre 2024, soit 113,7 % du produit intérieur brut (PIB), selon le chiffrage dévoilé vendredi 20 décembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Et ce n’est pas fini.

Après avoir progressé de 71,7 milliards d’euros en trois mois, l’endettement de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale devrait poursuivre son ascension pendant au moins cinq ans, estime Moody’s dans sa dernière analyse de la situation française, diffusée mercredi. Il devrait représenter 120 % du PIB en 2027. C’est seulement en 2030 qu’il pourrait entamer sa descente, avance l’agence de notation américaine. La faute à l’incapacité chronique de la France à serrer les cordons de sa bourse, un phénomène amplifié par la crise politique actuelle.

En 2025, c’est certain, la dette continuera à se creuser. Dans le projet de budget tombé à l’eau, l’Etat avait prévu de dépenser environ 140 milliards d’euros de plus que ce qu’il comptait percevoir comme recettes. L’absence transitoire de budget, remplacé pour au moins quelques mois par la « loi spéciale » minimaliste adoptée mercredi, ne peut qu’accroître cet écart, faute de mesures volontaristes pour augmenter les impôts ou freiner les dépenses publiques. Sans compter la facture du cyclone Chino qui a ravagé Mayotte le 14 décembre, « probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles », selon François Bayrou.

Loin de revenir à 5 % du PIB comme espéré, le déficit public risque, selon les diverses projections, de s’établir entre 5,5 % et 7 %, ce qui nécessitera d’emprunter des sommes d’autant plus importantes. En l’état, « notre programme prévoit des émissions de 300 milliards d’euros en 2025 », soit 15 milliards de plus qu’en 2024, a annoncé jeudi Antoine Deruennes, le directeur général de l’Agence France Trésor, chargée de vendre la dette française aux investisseurs. « On commence dès le lundi 6 janvier. »

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