à la Martinique et à la Guadeloupe, des candidats RN se qualifient pour le second tour dans trois circonscriptions sur huit

A l’école Chave, bureau n° 514, les bulletins de vote de la 5^e circonscription des Bouches-du-Rhône s’étalent sur la table d’entrée. Dans cette circonscription du centre de Marseille (4^e et 5^e arrondissements), deux portent la mention du Nouveau Front populaire (NFP). Celui du sortant Hendrik Davi, exclu par la France insoumise, est plus rouge que celui d’Allan Popelard, officiellement investi par la formation de Jean-Luc Melenchon. « Un électeur vient de me demander quel était le bon candidat… Je lui ai dit de sortir et d’aller se renseigner à l’extérieur. On se doit de rester neutre », témoigne le président du bureau Pierre Huguet, adjoint au maire Printemps marseillais.

Assesseure pour le député sortant, Thérèse Bourgeois, 66 ans, adhérente au NPA, déplore la situation. « Ça me désole. Comme si on avait le luxe de faire ça avec le RN aux portes du pouvoir », souffle cette enseignante qui, « à cause de sa petite retraite », continue à avoir une activité professionnelle. Via les réseaux militants, elle a récupéré une procuration. « Je sais que la personne veut voter pour le Nouveau Front populaire, mais je ne sais pas pour lequel des deux. Il faut que je l’appelle, mais là c’est encore tôt ».

« J’ai dit à ma femme que j’allais choisir au pif », sourit à la sortie du bureau Serge Bokola, 55 ans, professeur d’économie dans un collège catholique, pour qui « la gauche radicale est désormais la seule alternative ». « L’un et l’autre candidat me sont chers. C’est dommage d’en arriver là. » Pierre, 25 ans, qui ne souhaite pas donner son nom, adhérent de La France insoumise, est lui venu voter Allan Popelard dont il a participé à la campagne. « Des amis m’ont demandé pour qui il fallait voter et si c’était normal qu’il y ait deux candidats Front populaire », regrette-t-il lui aussi.

Dans cette circonscription très à gauche, personne n’ose penser que cette double candidature puisse annihiler les chances du NFP. « Ce dont on peut avoir peur, c’est d’une triangulaire, reconnaît quand même Pierre. Mais j’espère alors que celui qui sera arrivé second se retirera. »