A Lille, les grilles du bar du groupuscule La Citadelle resteront fermées

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Aurélien Verhassel, président du groupuscule identitaire La Citadelle, photographié en 2016 devant
un drapeau de Flandres, lors de l’ouverture de son club privé.

Le lieu est on ne peut plus neutre. Au 8 de la rue des Arts, à Lille, à 200 mètres de la Grand-Place, en rez-de-chaussée d’une jolie façade de style flamand, une grille noire est encadrée de deux fenêtres occultées par des rideaux opaques. Jamais la moindre enseigne n’a signalé ce qui se cachait derrière : le bar La Citadelle, ouvert en septembre 2016 par l’association du même nom. Un club privé qui abritait le quartier général de Génération identitaire Flandres-Artois-Hainaut, comme il se nommait à l’époque.

Sur ses réseaux sociaux, La Citadelle s’affiche désormais comme « la maison de l’identité et communauté enracinée et patriote ». Car le 7 février, l’association d’ultradroite, déclarée en préfecture du Nord le 7 octobre 2013, a été dissoute en conseil des ministres au motif qu’elle incitait « à la xénophobie, à la discrimination, à la haine et à la violence ». Entraînant la fermeture du bar. Le 2 avril, le Conseil d’Etat a rejeté la demande de suspension de la dissolution déposée en référé par La Citadelle. Aucune surprise pour son président, Aurélien Verhassel qui, joint par téléphone, réagit : « Ils veulent nous faire taire. C’est le retour du délit d’opinion. »

Figure charismatique du mouvement, cet ancien étudiant en communication et sciences politiques, âgé de 39 ans, n’est pas un inconnu dans le paysage lillois quand il ouvre son club privé. En 2014, il a fait partie de ceux qui ont monté une « milice anti-racaille » pour patrouiller dans le métro. En août 2015, on retrouve la bande des identitaires lillois sur le toit de la gare d’Arras pour exiger « l’expulsion des islamistes ».

Statue de Jeanne d’Arc et boîte « Y’a bon Banania »

En mars 2016, c’est devant les accès de ce qui était alors la « jungle » de Calais qu’ils se déploient. Autant d’opérations savamment médiatisées. Lors de la présentation du bar à la presse en 2016, quelques jours avant son inauguration, la mise en scène est soignée : statue de Jeanne d’Arc, bouquets de houblon qui pendent du plafond, boîte « Y’a bon Banania » et grosse tirelire en forme de cochon sur le comptoir. Aurélien Verhassel assume : le club est « réservé aux seuls patriotes sincères, helléno-chrétiens et européens de souche », et s’il a choisi le nom « La Citadelle » dans la ville où Vauban en a construit une des plus belles, c’est parce qu’« une citadelle, on s’y retranche quand on est assiégé mais on peut aussi y lancer la reconquête ».

Face à l’ouverture du bar en plein centre de Lille, les autorités sont restées impuissantes. Le violent rejet de l’immigration ne suffit pas juridiquement pour le faire interdire d’emblée. Martine Aubry, la maire (PS) de Lille, n’a pu que constater son manque de leviers juridiques face à « un club privé géré par une association autorisée ». Elle promet alors qu’elle ne laissera passer aucun trouble, aucune provocation, aucune atteinte à la loi. Une pétition contre le bar rassemble soixante-dix mille signatures mais rien n’y fait.

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