La « démo-anxiété » s’installe dans l’opinion. De la dissolution de l’Assemblée nationale à la chute du gouvernement Barnier, la crise politique ressemble à un jour sans fin. Cet imbroglio politico-institutionnel éclipse une autre crise, plus silencieuse et sournoise, celle du fonctionnement de notre démocratie. Et tous les baromètres d’opinion de sonner le même tocsin, celui de la défiance des citoyens vis-à-vis de la politique. Ainsi de la dernière vague des « Fractures françaises » de novembre, qui nous apprend que pour 78 % des Français, la « démocratie ne fonctionne pas bien ». C’est près de 9 points supplémentaires par rapport à 2023, alors que les citoyens ont eu l’occasion de s’exprimer lors de deux rendez-vous électoraux, dont l’un a remobilisé une partie de l’électorat avec un record d’intensité depuis trente ans.
Autre enquête d’Ipsos, en octobre, et même tendance : 74 % des Français jugeaient que « le fonctionnement de la démocratie en France s’est dégradé au cours des cinq dernières années ». L’épidémie de démo-anxiété révélée au cœur de l’été est en réalité une maladie démocratique en passe de devenir chronique. Ce diagnostic de la société aurait pu conduire à suivre le même précepte que le médecin face à son patient : « En premier, ne pas nuire. » Que de temps perdu et d’espoirs déçus ! Les élections législatives de 2022 et l’absence de majorité absolue auraient pu être l’occasion de renouveler la démocratie parlementaire. La mobilisation suscitée par la réforme des retraites en 2023 aurait pu être l’occasion de rénover la démocratie sociale et la relation avec les corps intermédiaires.
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