Au colloque Giscard, arrières-pensées, petites vacheries et nostalgie

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Colloque anniversaire devant prestigieux parterre. Mort le 2 décembre 2020, en pleine crise sanitaire, Valéry Giscard d’Estaing, qui n’avait pas souhaité d’hommage national, a quitté la scène discrètement, à 94 ans. Près de quatre ans plus tard, pour le 50e anniversaire de son investiture à l’Elysée, toute la République d’aujourd’hui et d’hier a défilé pour lui rendre hommage, à l’occasion d’un colloque organisé par la Fondation Valéry-Giscard-d’Estaing, sous l’égide de l’Institut de France. L’occasion pour les responsables politiques invités de délivrer, au milieu d’unanimes louanges à ce président qui fut pourtant si mal-aimé de son vivant, quelques messages subliminaux, dont certains peu amènes.

Lire la nécrologie | Article réservé à nos abonnés Valéry Giscard d’Estaing : le destin facétieux du « président moderne »

« J’ai jeté la rancune à la rivière », avait dit un jour « VGE », qui a longtemps reproché à Jacques Chirac d’avoir précipité sa défaite face à François Mitterrand. Ce n’est pas le cas de Nicolas Sarkozy qui a profité de cette tribune pour régler quelques comptes, opposant Giscard, soudain paré de toutes les vertus, à Chirac. Il a notamment raconté combien le premier s’était montré « délicat » et « prévenant » au moment de son divorce d’avec Cécilia, « s’enquér[ant] de savoir [s’il] n’avai[t] pas trop de peine », tandis que le second, en apparence plus naturellement sympathique, n’avait pas montré autant de « sensibilité », alors même qu’il le connaissait depuis « bien plus longtemps »,

Nicolas Sarkozy n’a pas résisté non plus à lancer quelques piques à François Hollande, qui l’avait « si aimablement raccompagné » (le socialiste n’avait pas attendu son départ de la cour de l’Elysée avant de rentrer au palais de l’Elysée), le jour de la passation des pouvoirs, ce que le président défait n’a jamais digéré : « Ça m’a rappelé la sortie qui avait été organisée pour Giscard, ces sifflets…. Cette haine médiocre, je l’ai ressentie, et ça m’a rapproché [de lui]. »

Eloge de la « rationalité »

De son côté, Edouard Philippe s’est inspiré du giscardisme pour mieux se distinguer, en creux, d’Emmanuel Macron, dont il brigue la succession. Lui qui goûte peu à l’impulsivité du président s’est livré à l’éloge de la « rationalité », marque de fabrique de l’ancien président. Tout comme il a loué la lecture de la Constitution faite par Giscard, qui – comme l’a rappelé l’ex-ministre Dominique Bussereau – « ne gouvernait pas de manière monarchique », avait « un tout petit cabinet » et « ne voyait pas ses ministres ». « Présider et gouverner sont deux choses différentes. Giscard a compris qu’il ne devait pas vouloir gouverner. Je suis convaincu qu’il avait raison », a affirmé Edouard Philippe, dans un tacle à peine masqué à la présidence, à la fois verticale et touche-à-tout, d’Emmanuel Macron.

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