« Au Nouveau Front populaire, l’incarnation finale sera forcément imparfaite »

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François Ruffin a tiré deux fois le premier. D’abord, dimanche 9 juin, au soir des élections européennes, il lance un appel au « front populaire » qui fait tilt et mouche : le Nouveau Front populaire, qui s’étend de Jean-Luc Mélenchon à François Hollande, un miracle pour les uns, un attelage contre-nature pour les autres, surgit des cendres de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale archi dominée par La France insoumise (LFI). Ensuite, jeudi 13 juin, sur Franceinfo, le même Ruffin se dit « prêt » à devenir premier ministre si l’union de la gauche remporte les élections législatives anticipées, prévues les 30 juin et 7 juillet. Il s’est fait prier par les intervieweurs pour le dire, il ne s’est pas répété depuis. Son entourage l’exhorte à s’afficher rapidement comme l’incontournable visage du rassemblement, mais le député de la Somme sait que donner l’impression de tirer la couverture à soi, dans un moment politiquement très collectif, peut lui être fatal.

Cependant, se pose déjà la question de l’incarnation de l’union. Car à la fin, si victoire il y a, il n’en restera qu’une ou qu’un, à Matignon. Qui pour mener le combat sur les plateaux médiatiques où l’essentiel de cette campagne éclair se jouera ? Qui pour personnifier un programme « grand écart » ficelé en quelques heures ? Pour ne pas faire capoter la coalition à cause de querelles d’ego, les responsables des partis désormais partenaires ont décidé d’entretenir le flou le plus longtemps possible.

« On est une équipe ! On veut marquer des buts collectivement, a célébré Fabien Roussel, premier secrétaire du Parti communiste français, lors d’une conférence de presse commune, vendredi 14 juin. En fonction des résultats, on verra qui sera le meilleur [pour Matignon]. » Il n’est pas contredit par Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts : « Ça ne m’intéresse pas de savoir qui sera le chef d’orchestre. Nous ne sommes pas pour la personnalisation de la vie politique. » Pas de tête d’affiche, une première historique confrontée à un problème majeur : les électeurs voudront savoir pour qui ils votent.

Risque de rejet massif de Mélenchon

L’incertitude de l’incarnation peut aussi laisser prospérer l’idée d’un Jean-Luc Mélenchon de nouveau postulant à Matignon. En ce début de campagne, les remontées de terrain font état d’un risque de rejet massif du triple ex-candidat à l’élection présidentielle auprès des électeurs de gauche les plus éloignés de la radicalité insoumise, ainsi que des éventuels déçus du macronisme. Les non-investitures brutales, décidées par LFI, d’Alexis Corbière, Raquel Garrido et Danielle Simonnet, réputés proches de François Ruffin, n’arrangent rien. Beaucoup veulent donc acter, au plus vite, une impossibilité : le premier ministre ne sera pas Jean-Luc Mélenchon.

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