ce que les commémorations du passé disent du présent

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D’une commémoration l’autre. Après le 50e anniversaire de la mort de Georges Pompidou, le 2 avril, voici l’anniversaire de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, qui conquit l’Elysée le 19 mai 1974, à 48 ans. Lundi 27 mai, Emmanuel Macron doit ouvrir un colloque organisé par la Fondation Valéry Giscard d’Estaing, sous l’égide de l’Institut de France et en présence de Nicolas Sarkozy ainsi que de plusieurs anciens premiers ministres.

Dans un message lu par son conseiller mémoire, Bruno Roger-Petit, le chef de l’Etat, qui se trouve en Allemagne, devait vanter le bilan de l’ex-président de l’Union pour la démocratie française, notamment sur le plan sociétal, où il a obtenu des avancées majeures (interruption volontaire de grossesse, majorité à 18 ans…). Il devait aussi en profiter, en pleine campagne des européennes, pour honorer « Giscard l’Européen », qui œuvra au projet de Constitution européenne, finalement rejeté par les Français, en 2005.

On a beaucoup comparé les deux inspecteurs des finances et ex-ministres de l’économie, qui ont incarné, chacun à sa manière, une rupture générationnelle (une « ère nouvelle », disait Valéry Giscard d’Estaing) et porté une promesse de transformation et de modernité, avec un programme libéral, européen et progressiste. Mais Emmanuel Macron, qui a souvent changé de masque, s’inspirant (parfois de manière mimétique) de certains de ses prédécesseurs, n’a jamais assumé la comparaison avec ce président parti de l’Elysée à pied, sous les sifflets. Il préfère de loin Pompidou, qui représente à ses yeux la fierté industrielle de la France, mais aussi un certain art de vivre.

En 2019, pour le 50e anniversaire de l’élection du successeur de Charles de Gaulle, il avait vanté les qualités de ce « réformateur inlassable qui sut entraîner le pays dans un grand mouvement de progrès », ce président normalien et amateur de poésie, qui « pensait à la fois vieille France et nouvelle France ».

Souvenir fantasmé

Pompidou supplante donc Giscard dans le cœur de l’actuel président, comme dans le souvenir des Français. Les commémorations autour de Georges Pompidou, orchestrées par l’agence Publicis Consultants, présidée par l’ex-communicant élyséen Clément Leonarduzzi, ont un peu éclipsé celles autour de Valéry Giscard d’Estaing, pilotées par l’une de ses ex-collaboratrices, l’influente Anne Méaux et son agence Image 7, où l’on se désolait mezza voce de cette compétition mémorielle.

Mais comment lutter contre le souvenir fantasmé d’une France heureuse et prospère (croissance forte, chômage au plus bas), au mitan des « trente glorieuses », quand la France occupait encore son rang de cinquième puissance mondiale ? A l’inverse, l’arrivée de Valéry Giscard d’Estaing coïncide avec le début des ennuis : conséquences du choc pétrolier de 1973, hausse du chômage et explosion des déficits…

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