Qui appelle à faire quoi au second tour des élections législatives ? Nettement distancée au premier tour des législatives, la coalition présidentielle d’Emmanuel Macron a appelé au « rassemblement » pour empêcher une victoire du Rassemblement national, mais se divise d’ores et déjà sur le cas de La France insoumise.
Si la gauche prône le désistement systématique de ses candidats arrivés troisièmes pour faire battre l’extrême droite, la droite LR a choisi de ne pas choisir, certains cadres, comme François-Xavier Bellamy, jugeant que « le danger qui guette notre pays aujourd’hui, c’est l’extrême gauche ».
La coalition présidentielle en ordre dispersé
Arrivé troisième, loin derrière le RN et la coalition de gauche du NFP, le camp présidentiel a affiché un front divisé en adressant à ses candidats et électeurs des consignes floues et parfois différentes d’un parti à l’autre.
Chez Renaissance, le ton a été donné dès 20 heures par Emmanuel Macron qui a appelé à un « large rassemblement » au second tour des législatives face au Rassemblement national, sans préciser si ce rassemblement inclura les candidats de la France insoumise. Même flou chez le premier ministre Gabriel Attal qui a appelé au « désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend, [comme Ensemble], les valeurs de la République ».
Dans un second temps, l’équipe de campagne d’Ensemble a précisé que cette consigne s’appliquerait aussi lorsqu’il s’agit de se désister en faveur d’un candidat La France insoumise. Toutefois, le parti présidentiel regardera, au sein de la famille des insoumis, le profil dudit candidat pour vérifier s’il est « compatible avec les valeurs républicaines sur le parlementarisme, l’universalisme, l’anti sémitisme », précise-t-on à l’Elysée.
Première mise en application de cette consigne : la candidate Ensemble dans la première circonscription de la Somme, Albane Branlant, arrivée troisième, a annoncé dimanche se désister en faveur du député sortant LFI François Ruffin « face au risque du Rassemblement national ».
Auparavant, le président du Modem, François Bayrou, a lui estimé sur TF1 que « beaucoup de Français seraient totalement désespérés à retrouver un vote, un choix entre RN et LFI et ceux-là, nous allons les prendre en compte » et préconise de « regarder circonscription par circonscription ».
L’ancien premier ministre et président de Horizons, Edouard Philippe, a opté pour une autre ligne, estimant dimanche soir qu’« aucune voix » ne devait « se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise », sans prévoir d’exception. « En cohérence avec cette position, je proposerai aux candidats Horizons arrivés troisièmes, qui pourraient, par leur présence au second tour, sans espoir de victoire, favoriser l’élection d’un candidat des extrêmes, de se retirer au profit des candidats, des partis avec lesquels nous partageons les mêmes exigences démocratiques et républicaines ».
La gauche appelle au désistement pour faire battre le RN
Conformément à ce qu’elle avait annoncé avant le premier tour, la gauche a confirmé qu’elle appelait au désistement ses candidats arrivés troisièmes dans des circonscriptions où le RN est classé en tête. Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a adressé cette consigne peu après 20 heures, tout comme le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes.
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Celle-ci appelle à la « construction d’un nouveau front républicain » au second tour des élections législatives, interpellant directement le camp d’Emmanuel Macron. « Il serait incompréhensible que certains continuent à ne pas faire la différence entre la gauche et l’extrême droite », a-t-elle déclaré, réclamant un désistement systématique des candidats républicains arrivés troisièmes pour faire battre le RN.
Le parti de Raphaël Glucksmann, Place publique, a fait la même demande dans un communiqué publié dimanche soir. « L’histoire nous regarde et nous juge », ajoute Place publique qui appelle également à « voter clairement » contre les candidats du RN. « Aucune voix ne doit manquer au désistement républicain », a réagi pour sa part Laurent Berger. « Face au danger, le ni-ni n’est pas de mise », a insisté l’ancien patron de la CFDT, qui avait été cité au début de la campagne express des législatives comme possible premier ministre de la gauche par Raphaël Glucksmann.
Les Républicains refusent d’appeler à voter contre l’extrême droite
Les Républicains ont affirmé dimanche que « le macronisme est mort », et refusé d’appeler à voter contre le RN dans les circonscriptions où ils ne sont pas qualifiés pour le second tour. « Là où nous ne sommes pas présents au second tour, considérant que les électeurs sont libres de leur choix, nous ne donnons pas de consigne nationale et laissons les Français s’exprimer en conscience », a affirmé dans un communiqué la direction de LR, qui n’a pas suivi son président Eric Ciotti qui a scellé une alliance avec le RN. Sur TF1, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy a estimé pour sa part que « le danger qui guette notre pays aujourd’hui, c’est l’extrême gauche ».
Allié au Rassemblement national, le président contesté de LR, Eric Ciotti, a appelé dimanche soir les électeurs de droite à rejeter le « terrifiant danger d’extrême gauche » au second tour des élections législatives, estimant que « la victoire [était] en vue pour porter Jordan Bardella à Matignon ».
Marion Maréchal appelle la droite à faire battre la gauche
L’eurodéputée Marion Maréchal, ex-Reconquête alliée au Rassemblement national, a estimé dimanche que la majorité absolue était « possible » mais « pas encore acquise », et appelé les candidats de droite à faire barrage à la « coalition d’extrême gauche ».
« Il y a aujourd’hui des candidats LR qui vont pouvoir se maintenir au second tour, des candidats LR qui n’ont pas voulu faire l’union au premier tour. Il est de leur responsabilité de ne pas se maintenir à l’occasion de ce deuxième tour pour ne pas risquer (…) de favoriser et de faire le lit, aujourd’hui, de cette coalition d’extrême gauche », a-t-elle dit sur BFMTV.