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« C’est un gouvernement de coalition, et non pas de cohabitation, que François Bayrou devra conduire »

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Sixième premier ministre d’Emmanuel Macron, François Bayrou parviendra-t-il à surmonter les quatre crises – budgétaire, politique, morale et sociale – dans lesquelles s’enfonce la France ? La réussite et la durée de son mandat, et par effet de ricochet une stabilisation institutionnelle, dépendent des réponses que le nouveau locataire de Matignon apportera à ces urgences.

A la différence de l’éphémère gouvernement dirigé par Michel Barnier, c’est désormais un gouvernement de coalition, et non pas de cohabitation, que François Bayrou devra conduire. En effet, la relation personnelle qu’il entretient avec le président de la République et le soutien décisif qu’il lui a apporté lors de la campagne de 2017 devraient donner à François Bayrou, contrairement à ses prédécesseurs sous Macron, quelques degrés supplémentaires de liberté pour s’affranchir de la tutelle présidentielle.

Ainsi l’esprit de la Ve République peut-il être restauré, lui qui donne au premier ministre « la force de gouverner », selon l’expression de l’historien Nicolas Roussellier. Cette force qui implique une personnalité et une capacité à se saisir du rapport de force à l’Assemblée nationale. Est-ce là l’espérance une nouvelle fois placée par Emmanuel Macron dans la voie centriste ? Face à chacune des crises, François Bayrou sera forcé à des compromis, l’obligeant à tenir compte du résultat des précédentes élections législatives et de la crédibilité des options retenues. Sa personnalité seule ne suffira pas. Il devra d’abord et avant tout trouver une majorité pour gouverner.

Premier défi, urgent : résoudre le dilemme entre l’exigence de rigueur budgétaire et la satisfaction des demandes redistributives de la gauche parlementaire. Est-ce que le centrisme, comme doctrine politique, consiste seulement à dégager en tout temps et en toutes circonstances une voie médiane ? La voie de passage pour François Bayrou est étroite, car l’échec du vote du budget aurait pour conséquence d’ébranler le système institutionnel et de déboucher sur une crise de régime. Et, difficulté supplémentaire, le Parti socialiste a posé parmi ses conditions de non-censure le renoncement à l’usage de l’article 49.3 de la Constitution.

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