derrière le succès annoncé de la gauche, l’ombre de l’extrême droite

Date:

Britanniques et Français sont convoqués aux urnes presque en même temps : le 4 juillet pour les premiers, les 30 juin et 7 juillet pour les seconds, dans le cadre d’élections législatives anticipées des deux côtés de la Manche. Les similitudes s’arrêtent là. Dans un étonnant renversement de situation entre France et Royaume-Uni, alors que la politique hexagonale a pris un tour chaotique et vertigineux avec la décision surprise d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, la britannique semble s’éloigner des rives du populisme et entrer dans des eaux plus calmes, résolument attachées à l’Etat de droit.

A en croire les sondages – ils se sont souvent trompés lors des précédents scrutins, mais indiquent tous la même direction depuis des mois –, le Labour est aux portes du pouvoir. Les électeurs ont l’air décidés à sanctionner lourdement les conservateurs, lassés par leurs promesses non tenues du Brexit, les scandales de l’ère Boris Johnson, l’expérience budgétaire irresponsable de Liz Truss (40 milliards de livres, soit 47 milliards d’euros, de baisses d’impôts non financées) et le mandat sans inspiration de Rishi Sunak.

A deux semaines du scrutin, les médias nationaux s’interrogent moins sur l’éviction de ce dernier de Downing Street, considérée comme acquise, que sur l’ampleur de la victoire à gauche. Le Labour fera-t-il aussi bien que le New Labour de Tony Blair aux élections de 1997, ou encore mieux, en raflant jusqu’aux deux tiers des postes de députés à la Chambre des communes ?

Forts accents conservateurs

Avec un slogan tenant en un mot – « Change », « changement » – et une priorité – le retour à la stabilité politique et économique –, Keir Starmer, le chef de file du Labour, a promis de se débarrasser des éléments les plus choquants de l’héritage du gouvernement conservateur. La politique d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda devrait être abandonnée.

Le Labour britannique n’a pour autant rien à voir avec le Nouveau Front populaire, formé en France pour barrer la route au Rassemblement national. Il se situe plus à droite : M. Starmer insiste sur son patriotisme, la sécurité, et entend renforcer les effectifs des douanes ou « contrôler correctement les niveaux » de migration nette.

Sur le plan économique, le programme du Labour a même de forts accents conservateurs, promettant de ne pas augmenter la TVA ou l’impôt sur les revenus, insistant sur la nécessaire discipline budgétaire et limitant ses promesses d’investissement dans les services publics à celles qui peuvent être financées sans augmenter la dette publique. Depuis qu’il a pris les rênes du Labour, début 2020, Keir Starmer a délibérément marginalisé son prédécesseur Jeremy Corbyn et ses partisans à l’aile gauche du parti. Il revendique de l’avoir transformé en une formation « probusiness » et Rachel Reeves, sa probable future ministre des finances, n’hésite pas à évoquer la mémoire de l’ex-ministre conservatrice Margaret Thatcher, jusqu’alors repoussoir ultime de la gauche.

Il vous reste 49.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related