Un mouvement d’ampleur aux retombées incertaines. En moins de quarante-huit heures, les 221 désistements de candidats comptabilisés par Le Monde pour le second tour des élections législatives, dimanche 7 juillet, ont bouleversé la nature de la confrontation électorale entre le Rassemblement national (RN) et les autres formations politiques.
Le 30 juin, à l’issue du premier tour, 306 triangulaires étaient recensées par le ministère de l’intérieur, pour cinq quadrangulaires et 190 duels. Mercredi 3 juillet au matin, on ne dénombrait plus que 94 triangulaires, une quadrangulaire et 410 duels, selon un décompte provisoire des décodeurs du Monde, basé sur les annonces des candidats, susceptible d’évoluer. 159 opposent le RN au Nouveau Front populaire (NFP), 133 voient des candidats de la majorité sortante affronter ceux de l’extrême droite.
La domination électorale du parti de Marine Le Pen et de son allié Eric Ciotti a précipité l’alliance de la gauche et la coalition présidentielle à dicter un mot d’ordre commun pour la dernière ligne droite de la campagne : faire barrage à l’extrême droite.
Avec toutefois des nuances. Si le NFP indique qu’il retire l’ensemble de ses candidats arrivés en troisième position, le premier ministre, Gabriel Attal, a précisé que les désistements au sein de son camp devaient avoir lieu uniquement pour des candidats ayant « choisi les valeurs républicaines ». Et là « où existe un risque de victoire de l’extrême droite », laissant une possible liberté d’interprétation aux concernés, alors que la Macronie se divise sur la définition du front républicain.
Une ambiguïté que l’alliance de gauche rejette face au péril de l’arrivée au pouvoir du RN. Mardi soir, l’ex-président de la République, François Hollande, candidat en Corrèze, a estimé que « le front républicain s’est reformé dans la douleur notamment pour la majorité, mais dans la clarté pour la gauche ». Laquelle doit « être fière d’avoir fait barrage à l’extrême droite », malgré « sans doute une perte de sièges », liée aux désistements massifs dans les triangulaires. « C’était le prix à payer », a-t-il admis.
Crispations au sein de la coalition présidentielle
Dans le détail, le NFP a renoncé à présenter 132 de ses candidats sur les 469 qualifiés pour le second tour. Les consignes de désistement édictées dès dimanche soir par l’ensemble des leaders de l’alliance de gauche ont été appliquées. Le NFP s’est désisté 92 fois quand un candidat RN est arrivé en tête et à trente-quatre reprises dans le cas où l’extrême droite se place à la deuxième position. Dans la 10e circonscription du Nord, Leslie Mortreux, candidate (LFI) pour le NFP, s’est par exemple désistée pour permettre à Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, de battre Bastien Verbrugghe (RN), alors que l’écart n’est que de 1,7 % entre les deux hommes.
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