« Des gens qui en ont besoin ne se font plus soigner »

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Dans le hall du Médipôle, le principal hôpital de Nouvelle-Calédonie, des dizaines de lits picots ont été disposés. Pas pour installer des patients, mais pour accueillir les « sortants » : des mamans et leurs nouveau-nés, des femmes enceintes venues pour une consultation, des accidentés au bras plâtré dont l’état ne nécessite pas de soins mais qui n’ont aucun moyen de rentrer chez eux.

Les soignants et le personnel indispensable au fonctionnement de l’hôpital ne sont pas mieux lotis. Ils n’ont pas pu quitter leur lieu de travail depuis le début des émeutes, lundi 13 mai, à la suite du mouvement de colère des indépendantistes contre le projet de réforme du corps électoral, et dorment où ils peuvent. Dans les chambres de garde pour les plus chanceux, les lits de l’hôpital de jour, voire dans les bureaux.

L’hôpital, situé dans la banlieue de Nouméa, est coupé du monde. Il est quasi impossible de s’y rendre, tant les barrages sont nombreux – ils se chiffrent en centaines – sur les 10 kilomètres de route qui le séparent du centre de la capitale. Et les abords ne sont pas sûrs. Jeudi 16 mai, dans l’après-midi, le centre commercial voisin a été une nouvelle fois le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et des émeutiers.

« On est débordés »

Les logements des internes ont brûlé. Mais la direction assure que « le Médipôle n’est pas la cible d’intrusions ». « On fait au mieux pour accueillir les patients, avec les équipes que l’on a, puisqu’elles ne peuvent pas être relevées », explique le directeur de l’hôpital, Leslie Levant. L’établissement étant installé en bord de mer, quelques médecins, des infirmiers et des sages-femmes ont pu – discrètement – être acheminés.

« On fait ce que l’on peut, mais on est débordés. Les médecins et les cadres aussi », raconte Christine (les prénoms ont été modifiés), une aide-soignante. « Et surtout, on commence à avoir du mal à nourrir tout le monde, assure-t-elle. Au début, on se dit que ce n’est pas grave s’il n’y a pas de pain au petit déjeuner. Mais les repas des patients se sont très, très vite allégés. » Le personnel, sur place depuis quatre jours, commence aussi à être éprouvé. « On n’a pas de rechange, il faut laver ses sous-vêtements dans le lavabo. Les repas, il y en a eu jusqu’ici, mais on ne sait pas jusqu’à quand on tiendra », raconte Pauline, une autre aide-soignante.

Les urgences fonctionnent normalement, mais pas les consultations. Et les patients souffrant de maladies chroniques ont disparu des radars. « Ça, c’est très inquiétant, note Leslie Levant. Il y a des gens qui en ont pourtant besoin qui ne se font plus soigner. » Les services d’urgence font tout ce qu’ils peuvent pour amener les patients à l’hôpital. Lorsque la situation n’est pas trop tendue, les émeutiers laissent généralement bien volontiers passer les ambulances. Mais impossible de passer en cas d’affrontements.

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