deux ans de défense des propriétaires, des ménages aisés et des grandes entreprises

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Durant deux ans, ils furent 88. Pour la première fois depuis près de trente ans, les députés d’extrême droite ont joué un rôle pivot à l’Assemblée nationale, et été confrontés à des questions concrètes qu’ils n’avaient jamais abordées. L’épreuve du vote a fait se dégager une identité pour un parti jusqu’alors attrape-tout, soudain contraint de faire des choix. L’analyse de ces deux ans d’activité parlementaire révèle la portion congrue réservée à la « ligne sociale » que prétend défendre le Rassemblement national (RN), et particulièrement Marine Le Pen.

Hégémonique au sein de l’électorat populaire qui se déplace encore pour voter, le RN se révèle en fait souvent favorable aux intérêts des grandes entreprises, des propriétaires immobiliers et des ménages aisés. Le parti a toutefois conservé l’essentiel de sa défense de l’Etat social.

Logement : priorité aux propriétaires

Pour tenter de régler la crise du logement qui frappe durement le pays, le RN a fait le choix depuis deux ans de défendre les intérêts des propriétaires bailleurs, y compris lorsque cela devait se faire au détriment des personnes en situation de mal-logement. La ligne du parti à l’Assemblée nationale a systématiquement été de faciliter la vie des propriétaires, en prônant l’allègement de la fiscalité locative ou un retour en arrière sur les obligations de rénovation énergétique, en espérant que ces incitations se traduisent in fine par une détente sur le marché de la location. De fait, trouver un logement à louer en zone tendue est devenu une gageure, en premier lieu parce que de très nombreux ménages ont dû renoncer à acheter et n’ont donc pas libéré leur location.

Le député de l’Aude Frédéric Falcon s’est élevé contre le « fait d’imposer le DPE (diagnostic de performance énergétique) pour les locations de longue durée comme de courte durée », en dénonçant un « carnage » et une « mesure de dépossession immobilière ».

La crise du logement s’explique également par le succès fulgurant de ces locations saisonnières de type Airbnb, qui ont contribué à la flambée des prix de l’immobilier et ont siphonné le parc locatif traditionnel. Les députés du RN ont pourtant, comme les Républicains (LR), voté contre une proposition de loi transpartisane visant à « remédier aux déséquilibres du marché locatif en zone tendue » en donnant davantage de pouvoirs de régulation aux maires. Le RN a invoqué la défense de « petits propriétaires bailleurs », un argument qui fait fi de la part importante et croissante de multipropriétaires parmi les détenteurs de meublés touristiques.

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