Un premier ministre peut-il se fâcher avec les départements ? Michel Barnier ne semble pas le penser. Venu clore les assises de l’association d’élus Départements de France, vendredi 15 novembre à Angers, il a assuré à des élus passablement remontés contre les économies exigées pour 2025, que le gouvernement était prêt à temporiser. « Je suis là pour vous dire, en tenant compte de votre situation très spécifique, que nous allons réduire très significativement l’effort qui vous est demandé par le projet de loi de finances », a-t-il déclaré.
Le premier ministre s’est toutefois bien gardé de s’engager sur un montant, renvoyant à la discussion du budget au Sénat. C’est là que tout se jouera puisque, M. Barnier l’a souligné, « l’Assemblée nationale a rejeté à une large majorité son propre texte ». D’intenses discussions ont d’ailleurs débuté entre les sénateurs et l’équipe de M. Barnier.
Depuis que le gouvernement a fait savoir qu’il attendait 5 milliards d’euros d’économies de la part des collectivités locales, les départements contestent devoir assumer « 44 % » du total, alors même que leur situation économique est fragile. « Nous sommes à l’os. Les dépenses sociales ont explosé, les ressources ont baissé », a témoigné François Sauvadet, président de Départements de France : « Ne nous asphyxiez pas. »
Des « efforts plus justes »
Jeudi soir, les départements de droite et du centre, majoritaires, avaient prévenu qu’ils étaient prêts à stopper le versement des fonds du revenu de solidarité active (RSA) aux caisses d’allocations familiales. Plus question, non plus, de prendre de « nouveaux mineurs non accompagnés » à partir de janvier. « La protection de l’enfance, ce n’est pas la politique migratoire », a justifié Nicolas Lacroix, président (Les Républicains) de la Haute-Marne.
Michel Barnier a fait amende honorable, reconnaissant que « la situation très spécifique » des départements « n’a peut-être pas été bien vue » dans la première version du projet de loi de finances, « fabriquée en quinze jours », a-t-il souligné. Il a promis des « efforts plus justes » que ceux envisagés.
Reste qu’« aujourd’hui, le pays n’a plus de marge de manœuvre financière », a-t-il exposé. La France devra assumer 3 400 milliards d’euros de dettes l’année prochaine. L’objectif de ramener le déficit à 5 %, puis 3 %, « ne m’amuse pas », a reconnu M. Barnier, mais il sera maintenu : « On doit réduire le déficit. on doit réduire la dette. C’est l’intérêt national. »
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