« Emmanuel Macron a pris un risque ultime, celui de la dissolution de la démocratie »

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Raphaël Glucksmann l’a présenté comme la personnalité idéale pour occuper Matignon en cas de victoire de la gauche aux législatives des 30 juin et 7 juillet. Le 10 juin, le candidat du Parti socialiste et de Place publique aux élections européennes a proposé que Laurent Berger devienne premier ministre, au motif que cette « figure de la société civile » pourrait être « capable d’apaiser » et de « réconcilier les Français », en portant « un projet de justice sociale et d’écologie ».

L’ex-secrétaire général de la CFDT, qui n’avait pas encore réagi, a réservé au Monde sa réponse. « Le nom de la personnalité qui ira à Matignon est le cadet de mes soucis, aujourd’hui », explique-t-il dans cet entretien, en soulignant qu’avant de se poser cette question, « la première urgence, c’est d’éviter le Rassemblement national [RN] ». S’il dit vouloir rester « en recul » de la vie publique, après avoir quitté la tête de la CFDT en juin 2023, l’ex-syndicaliste n’écarte pas totalement la possibilité de s’engager, plus tard, si l’extrême droite arrive au pouvoir.

Vous avez accepté de vous exprimer sur la tenue d’élections législatives anticipées, dans un contexte où l’extrême droite peut l’emporter. Pouvez-vous nous dire pourquoi ?

Ma prise de parole est celle d’un citoyen très inquiet pour son pays, qui s’exprime en son nom personnel. Je crois avoir une responsabilité, en raison de mon histoire, de mon engagement en faveur d’une société juste, apaisée, démocratique. Mais j’avoue avoir hésité.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Laurent Berger, l’espoir envolé d’une partie de la gauche

Vous craigniez de gêner l’organisation que vous avez dirigée jusqu’en juin 2023 ?

Oui. Je ne veux pas être une source d’embarras pour elle. La parole de la CFDT est très bien portée par sa secrétaire générale, Marylise Léon.

Que vous inspire la décision du chef de l’Etat de dissoudre l’Assemblée nationale ?

C’est grave et cela nous place dans une situation très difficile. C’est aussi le point d’orgue d’un processus qui vient de loin. Au moment de la réforme des retraites, en 2023, nous avons assisté à une forme de dissolution sociale : la mobilisation contre ce projet traduisait des attentes du monde du travail qui n’ont pas été écoutées. J’avais d’ailleurs dit à l’époque que ce déni pouvait déboucher sur un chaos démocratique.

Avant cet épisode, une sorte de dissolution territoriale s’est également produite dans le pays, à cause du mépris affiché à l’égard de tous ceux qui contribuent à la vie des territoires, c’est-à-dire les élus locaux et la société civile – les associations notamment. Et, enfin, il y a une fracture morale, qui résulte de la coupure entre le politique et les citoyens.

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