« Emmanuel Macron, dont le rôle est pourtant d’amortir les chocs, apparaît comme celui ayant organisé le désordre »

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Au soir du dimanche 9 juin, un conseiller de l’Elysée faisait un parallèle entre la dissolution de l’Assemblée nationale provoquée par Emmanuel Macron et celle décidée par de Gaulle, le 30 mai 1968, pour sortir de la crise. Le contexte, précisait-il, n’a rien à voir mais l’objectif restait le même : retrouver une légitimité perdue. Il y a près de soixante ans, cette opération s’était soldée par une Chambre largement acquise au Général, qui avait joué à plein sur le réflexe légitimiste des Français, fatigués par des semaines de blocages. Après la « chienlit », l’ordre retrouvé.

Dès l’annonce de la dissolution, le président a joué sur ce ressort, dénonçant le « désordre » et la « fièvre » entretenue par les extrêmes qui sèment la confusion à l’Assemblée et polluent le débat public, tout en menaçant le gouvernement de censure. « Sans dissolution, cela aurait été la chienlit », a-t-il lancé, le 18 juin sur l’île de Sein (Finistère), où il célébrait le 84anniversaire de l’appel du Général. Nous y voilà.

Son calcul est limpide : jouer sur les peurs des Français, auprès desquels il souhaite apparaître une fois de plus comme le seul recours rassurant (« Vous me connaissez »), le garant de l’ordre et de sa stabilité, face aux extrêmes et leurs excès. Mais, cette fois-ci, c’est l’inverse : le chef de l’Etat, dont le rôle est pourtant d’amortir les chocs, apparaît comme celui ayant organisé le désordre. « Monsieur le président, comment avez-vous pu nous mettre dans cette situation (…), ce chaos ? », l’a interpellé, mardi, une promeneuse, sur l’île de Sein. « Sa décision, qui n’a pas été comprise, suscite une perte de repères et de grandes inquiétudes pour la suite », avance le sondeur (IFOP) Frédéric Dabi, selon lequel « les Français semblent penser que “la chienlit, c’est lui” ».

« Il met la France au bord de la crise de nerfs »

Quoi de plus « démocratique » qu’un « retour au peuple », répète le président depuis le 9 juin. L’organisation à la hâte de ce scrutin pose toutefois de nombreuses questions. Rarement délai n’aura été aussi court pour convoquer une élection : vingt jours seulement, soit le délai minimum requis par la Constitution. Avant même d’avoir commencé, la campagne sera déjà terminée. Cette précipitation compromet la tenue de débats de fond et handicape les candidats qui n’ont pas eu le temps de se préparer, loin des conditions de sérénité devant permettre la « respiration démocratique » souhaitée. Le 30 juin, lors du premier tour, seuls 4 011 candidats pourront se présenter devant les Français, contre 6 290 en 2022.

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