Emmanuel Macron ou le risque de l’immobilisme

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Ce mercredi 6 mars, Emmanuel Macron reçoit en tête-à-tête François Hollande à l’Elysée. Il s’agit officiellement de parler de la situation en Ukraine, où l’armée de Kiev est en difficulté après deux ans de conflit. Mais, très vite, les deux hommes évoquent l’impasse dans laquelle se trouve l’exécutif sur le plan intérieur. Près de deux ans après le début du second quinquennat, faute de majorité absolue à l’Assemblée nationale, et alors qu’il ne peut pas se présenter à l’élection présidentielle de 2027, l’impuissance menace le successeur de François Hollande.

L’adoption d’une motion de rejet contre le projet de loi sur l’immigration, en décembre 2023, a démontré la fragilité de son pouvoir. Plus 2027 approche, plus le gouvernement de Gabriel Attal est à la merci d’une motion de censure. Pour limiter les risques, la réforme de l’assurance-chômage, la programmation pluriannuelle de l’énergie et même l’ajustement budgétaire pour 2024, qui doivent être adoptés avant l’été, passeront par décret. Mais comment imaginer gouverner avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête pendant encore trois ans ?

Si l’exécutif peut espérer obtenir une majorité sur des textes peu clivants, comme la loi d’orientation agricole ou le projet de loi sur le logement, la discussion budgétaire, à l’automne, s’annonce périlleuse. Et l’immobilisme menace. « Aujourd’hui, le problème, c’est qu’on ne réforme pas grand-chose », a souligné l’ancien premier ministre Edouard Philippe, fin février dans L’Opinion. Le spectre du second quinquennat empêché « obsède » Emmanuel Macron, confie un ministre.

« Tuer LR »

Aussi le locataire de l’Elysée, depuis le canapé de cuir noir qui meuble son bureau, sonde-t-il François Hollande. « Que penses-tu d’un accord de gouvernement, avec des gens venus de la gauche et de la droite ? » « La gauche ne viendra que si tu mènes une politique de gauche, ce qui n’est pas le cas, tranche l’ancien premier secrétaire du Parti socialiste. Ton destin, c’est de finir avec LR [Les Républicains]. »

Un destin auquel Emmanuel Macron, depuis deux ans, peine à se résoudre. Le chef de l’Etat considère avoir fait sa part du chemin en direction des Républicains. N’avait-il pas, à la rentrée 2022, mandaté la première ministre, Elisabeth Borne, pour travailler à un « accord de gouvernement » qui n’a jamais vu le jour ? Puis convié LR, comme tous les autres partis, aux « rencontres de Saint-Denis », un an plus tard ? Eric Ciotti, le patron du parti, a boycotté la deuxième réunion, au motif qu’il s’agissait, selon lui, d’une « énième démarche de communication du président ».

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