« Emmanuel Macron renvoie aux Calédoniens la responsabilité des troubles qui ne sont que la conséquence de sa volonté politique »

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Parmi les onze membres de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) placés en garde à vue mercredi 19 juin, neuf sont mis en détention provisoire et sept, dont deux mères de famille, viennent de quitter la Nouvelle-Calédonie dans la nuit du samedi 22 juin par avion militaire pour être incarcérés dans différentes prisons hexagonales.

Les juges instructeurs ont toutefois estimé qu’ils disposaient d’« indices graves ou concordants » rendant vraisemblable leur participation comme auteur ou complice de faits relevant d’une criminalité organisée.

La rapidité et la brutalité de ces décisions judiciaires ont suscité la surprise et en tout premier lieu celle des avocats qui n’y étaient pas préparés. Pour le juriste Mathias Chauchat, « les réquisitions du procureur, les actes des juges d’instruction et les décisions des juges des libertés et de la détention ont été coordonnés dans le seul but d’obtenir l’éloignement et l’emprisonnement en France pour montrer la fermeté de l’Etat ».

L’affaire elle-même n’est pas délocalisée

De fait, on est étonné face à l’extraordinaire degré de préparation et d’exécution de la procédure ouverte depuis le 17 mai, quelques jours seulement après l’explosion des troubles qu’a connue le territoire au soir du vote par le Parlement français du projet de loi constitutionnelle contre le dégel du corps électoral.

La recherche des supposés commanditaires des violences, menée notamment par la sous-direction antiterroriste, a conduit rapidement à l’organisation d’un pont aérien vers des prisons françaises.

Cet éloignement à plus de 17 000 kilomètres de leur domicile et de leur famille, une décision extrêmement douloureuse pour les intéressés, on le devine, rappelle les heures sombres de 1988 et l’exil des prisonniers après la crise de la grotte d’Ouvéa. Il pose aussi, au-delà de sa portée symbolique, la question de la bonne administration de la justice car l’affaire elle-même n’est pas délocalisée.

A l’heure d’une relative désescalade des tensions

L’instruction sera donc menée à partir de Nouméa avec des prévenus incarcérés à Mulhouse [Haut-Rin], Riom [Puy-de-Dôme] ou Bourges ce qui, on le conçoit, ne facilitera en rien les échanges avec les juges instructeurs ou les avocats.

Le calendrier de cette décision judiciaire interroge aussi alors même que la Nouvelle-Calédonie entre, comme le reste de la République, en campagne électorale pour les élections législatives depuis la dissolution de l’Assemblée décidée par le président de la République. Le territoire semblait connaître une phase propice à une relative désescalade des tensions permettant d’espérer, entre autres, la réouverture des établissements scolaires.

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