A une semaine du premier tour des élections législatives, le chef de l’Etat a choisi de s’adresser aux Français dans une lettre, publiée dimanche 23 juin au soir dans la presse régionale. Il y justifie sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale et tente d’y convaincre les électeurs de permettre à son camp d’obtenir une majorité de députés, alors que le Rassemblement national (RN) est donné en tête des sondages et que la gauche avance unie sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP).
Revenant en préambule de cette missive sur les raisons qui l’ont poussé à prononcer la dissolution de l’Assemblée le soir des élections européennes le 9 juin, il déclare avoir « pris cette décision en responsabilité, avec beaucoup de gravité et après une réflexion de plusieurs semaines. » « Je l’ai prise dans l’intérêt du pays avant toute autre considération, y compris personnelle, n’ayant par définition plus aucune échéance électorale », affirme-t-il.
« Le fonctionnement de notre Assemblée et le désordre des derniers mois ne pouvaient plus durer », justifie M. Macron, expliquant que « les oppositions s’apprêtaient à renverser le gouvernement à l’automne, ce qui aurait plongé notre pays dans une crise au moment même du budget ». Il poursuit en assurant que « cette dissolution était le seul choix possible » au vu de la situation : « J’aurais pu changer de premier ministre et de gouvernement (…) C’eut été facile pour moi. Mais cela ne réglait aucun problème. »
La gauche et l’extrême droite renvoyées dos à dos
Le chef de l’Etat reconnaît toutefois une « décision difficile et soudaine pour les parlementaires et pour leurs collaborateurs » et qui a été pour les Français « une surprise qui suscite de l’inquiétude, du rejet, parfois même une colère tournée contre [lui] ». « Je la comprends et je l’entends. » Avant de s’exprime sur les élections à venir, « un rendez-vous de confiance, grave, sérieux » et qui pose la question de « qui pour gouverner la France ? ».
Entre une proposition, à l’extrême droite, qui « divise la Nation », « ignore le changement climatique » et « prétend vous rendre du pouvoir d’achat » ; une autre, de la coalition de gauche du NPF qui « refuse la clarté sur la laïcité et l’antisémitisme », est « divisée sur la réponse à apporter au changement climatique » et « prétend répondre aux injustices de notre société par une augmentation massive des impôts pour tous », Emmanuel Macron invite les électeurs à choisir une troisième voie, « celle du bloc central d’Ensemble pour la République ! », la « meilleure pour notre pays ».
« Non seulement parce qu’elle protège les Français et prépare l’avenir. Mais parce qu’elle est la seule à pouvoir à coup sûr faire barrage à l’extrême droite comme à l’extrême gauche au second tour », justifie-t-il.
« La manière de gouverner doit changer profondément »
Le président détaille également le bilan de son gouvernement, « qui sans doute n’est pas parfait mais qui serait remis en cause si les extrêmes l’emportaient » mais assure aussi avoir « entendu » le désir de changement. Il promet notamment des « réponses beaucoup plus fortes et fermes » sur « l’insécurité et l’impunité », une lutte accrue « contre toutes les discriminations » et soutient qu’il « mesure le malaise démocratique ».
Emmanuel Macron, qui avait déjà formulé une telle promesse lors de la crise des gilets jaunes en 2019 et critiqué par les oppositions pour son exercice vertical du pouvoir depuis sept ans, ajoute : « Oui, la manière de gouverner doit changer profondément. Le gouvernement à venir, qui reflétera nécessairement votre vote, rassemblera, je le souhaite, les républicains de sensibilités diverses qui auront su par leur courage s’opposer aux extrêmes. » Dans la droite ligne de son camp et des membres du gouvernement qui ont multiplié ces derniers les mains tendues à droite comme à gauche pour espérer déjouer les pronostics.
Newsletter
« Politique »
Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique
S’inscrire
Alors que certains parmi ses adversaires, Marine Le Pen en tête, suggèrent qu’il sera contraint à la démission en cas de défaite aux législatives des 30 juin et 7 juillet, Emmanuel Macron affirme qu’il restera président jusqu’au terme de son mandat, même si son camp était défait et contrait à la cohabitation : « Vous pouvez me faire confiance pour agir jusqu’en mai 2027 comme votre Président, protecteur à chaque instant de notre République, de nos valeurs, respectueux du pluralisme et de vos choix, à votre service et à celui de la Nation ».
Le président a également lancé un appel aux abstentionnistes, en leur demandant de ne pas avoir « peur ». « Ne vous résignez pas. Votez », conclut-il.