Tout était prêt. Elle avait trouvé un suppléant et un mandataire financier, quand la nouvelle est tombée de Paris, dimanche 16 juin au matin, à quelques heures du dépôt des candidatures : il n’y aura pas de candidat macroniste face à François Hollande dans la première circonscription de Corrèze. Emmanuel Macron préfère soutenir le candidat de droite, un ancien Les Républicains (LR), qui fait partie de « l’arc républicain » – bien qu’il ait voté la censure lors de la réforme des retraites. Isabelle Celle, la présidente de Renaissance en Corrèze, en aurait pleuré.
Sourire fataliste de François Hollande, devant l’oukase d’Emmanuel Macron qui lui complique un peu plus la tâche, et qu’il juge « assez lamentable ». Il l’a croisé le 9 juin à Tulle, pour la cérémonie d’hommage aux 99 pendus de la ville en 1944. « Il était encore persuadé qu’il avait fait un bon coup, avec cette dissolution absurde, alors que le RN [Rassemblement national] est aux portes du pouvoir, dit l’ancien chef de l’Etat. Il aurait dû prendre son temps, consulter réellement, instaurer la proportionnelle pour permettre une recomposition politique, et ensuite seulement dissoudre. »
Le candidat socialiste estime d’ailleurs que « deux personnages vont disparaître : Jean-Luc Mélenchon, pour qui c’est fini, il est rejeté par une grande partie de l’opinion. En 2022, il était la solution. Deux ans plus tard, c’est lui le problème. Et Emmanuel Macron, qui vient d’enterrer le macronisme. La dissolution, c’est celle de son propre mandat ».
La partie est loin d’être gagnée pour l’ancien président socialiste. Il a pourtant été presque vingt ans député de Corrèze (1988-1993, puis 1997-2012), président du conseil général (2008-2012), maire de Tulle pendant sept ans… « Ecoutez les gens sur ce marché – l’extrême droite est partout, s’est inquiété jeudi le candidat à Argentat-sur-Dordogne. Les gens parlent peu, ils ruminent. Ce n’est pas bon. » Bien sûr, les dames se laissent volontiers embrasser, on lui offre des cerises « pour votre dame Julie » (Gayet), il a un mot ou une plaisanterie pour chacun, on lui glisse, « content que vous ayez repris du service », mais la colère ne gronde jamais loin.
« L’union n’est jamais facile »
« Vous êtes vendu à LFI, vous êtes un pourri », l’apostrophe Jean, qui prend soin de ne pas dire son nom. Il va voter pour le RN de Jordan Bardella « sans hésitation. Il faut que ça pète. Ça va faire mal, mais il faut en passer par-là. » A l’autre bout du marché, un couple refuse de lui serrer la main : « Je suis profondément de gauche, je n’ai pas envie de parler avec vous » (ni avec Le Monde, d’ailleurs).
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