La Fondation Jean Jaurès a publié une étude, jeudi 23 mai, montrant que la campagne des élections européennes du 9 juin est couverte par les médias « avec moins d’intensité » que lors du précédent scrutin, en 2019. Cette enquête, menée en partenariat avec le cabinet Onclusive et l’Institut national de l’audiovisuel à partir de contenus issus de la télévision, de la radio et de la presse papier et Web, souligne que « les Français s’estiment mal informés sur les questions européennes ». En cause notamment, la faible médiatisation de ce scrutin, qui « connaît un repli important », relèvent les auteurs de l’étude, avec une couverture de la campagne « 30 % moins visible en volume que sur la même période en 2019 ». Théo Verdier, auteur de cette étude et codirecteur de l’observatoire Europe de la Fondation Jean Jaurès, en explique les raisons.
Quels sont les principaux enseignements de l’étude de la Fondation Jean Jaurès sur « la couverture médiatique des élections européennes » en France ?
Nous avons observé plusieurs éléments relatifs à la médiatisation des élections européennes entre le 1er avril et le 3 mai. De ces données, nous tirons trois constats généraux. Le premier, c’est que cette campagne est moins couverte dans les médias que celle de 2019. On observe un recul de 30 % du nombre de publications relatives à ce scrutin par rapport au précédent scrutin. Le deuxième constat, c’est que cette campagne est principalement française. La campagne vit, mais elle met en avant uniquement des visages nationaux. La scène politique européenne semble en être totalement absente – en témoigne la médiatisation très faible de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans l’Hexagone. Une personnalité pourtant centrale de cette campagne. Enfin, on se rend compte que l’on a affaire à une élection de méconnus. Mis à part Jordan Bardella [le candidat du Rassemblement national] et Marion Maréchal [tête de liste de Reconquête !], les candidats ne sont que très peu connus des Français. Le cas de Valérie Hayer est symbolique. Son manque de notoriété et d’identification explique sûrement les difficultés que la candidate de la majorité éprouve actuellement, notamment en matière d’exposition médiatique.
En définitive, il nous semble que l’on est en train de vivre une seconde campagne des élections législatives, dont le sujet est l’Europe. Le débat existe, il oppose des forces politiques structurées, mais il n’aborde que trop peu la question de la prochaine mandature du Parlement européen. On confère à ce scrutin un ensemble d’enjeux propres à la vie politique nationale : la domination du Rassemblement national et son leadership, la crédibilité du parti présidentiel, le nouvel état des forces politiques à gauche pour la présidentielle de 2027, etc. Mais on oublie de s’intéresser concrètement à ce qui se jouera à Strasbourg lors de la prochaine mandature au Parlement européen, entre 2024 et 2029.
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