En Nouvelle-Calédonie, la détention en métropole de militants indépendantistes provoque de nouveaux heurts

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C’est le scénario du pire et il n’est désormais plus à exclure. Jusqu’ici, la contestation violente de la réforme du corps électoral était restée contenue à Nouméa et sa banlieue. Mais elle pourrait bien s’étendre aux communes de « brousse », ces immenses territoires très peu urbanisés, où les insurgés ont l’avantage du terrain face à des forces de l’ordre venues de l’Hexagone, davantage habituées au contexte urbain.

Lundi 24 juin au matin, à Poya, dans le Nord, des centaines de militants ont affronté les blindés de la gendarmerie, venus de Koné pour lever le barrage installé sur la RT1, la route stratégique qui traverse toute l’île principale. Dimanche, à Bourail dans le centre de la Grande Terre, un homme a été blessé au cours d’affrontements avec les forces de l’ordre. Dans l’archipel des Loyauté, jusqu’à maintenant épargné par la violence, la gendarmerie a été prise pour cible par des assaillants sur l’île de Maré, tandis que l’île de Lifou est désormais coupée du reste du pays, à la suite d’un incendie volontaire qui a endommagé la piste de l’aérodrome local.

Nouméa et sa banlieue n’ont pas été épargnées. A Dumbéa, les locaux de la police municipale ont été incendiés, de même que le siège flambant neuf d’un bailleur social et un mur d’escalade. Plusieurs incendies se sont déclarés à Païta et dans la capitale. Conséquence, à peine rouvertes après plus d’un mois sans cours, la grande majorité des écoles ont refermé leurs portes, lundi matin.

« Choqué »

Cette nouvelle flambée de violence est liée à l’incarcération en France de sept militants de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), placés en détention provisoire. Interpellés mercredi 19 juin, ils ont été présentés à un juge d’instruction samedi, qui les a mis en examen pour sept chefs d’accusation, notamment pour « complicité de tentative de meurtre » ou encore « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ».

Dans la foulée, le juge des libertés et de la détention leur a notifié l’envoi dans des maisons d’arrêt situées en métropole, à 17 000 km de là. A la plus grande stupéfaction de leurs avocats : « A aucun moment, l’emprisonnement en métropole n’a été évoqué au cours des débats. Ça a été annoncé à ma cliente au moment du délibéré », s’insurgeait, samedi soir, Me Thomas Gruet, avocat « choqué et abasourdi » de Brenda Wanabo, responsable de communication de la CCAT, placée en détention à Dijon.

Tous informés de leur destination – Riom (Puy-de-Dôme), Mulhouse (Haut-Rhin), Bourges ou encore Blois – vers 2 h 30 du matin, les sept militants ont aussitôt été transférés vers l’aérodrome de Magenta, d’où ils se sont immédiatement envolés pour l’Hexagone, par un vol spécialement affrété, a confirmé dimanche le procureur de la République, Yves Dupas, pour qui leur détention sur le territoire était impossible pour des questions de sécurité.

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