Eric Ciotti et la rupture assumée avec les « chapeaux à plumes »

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Eric Ciotti préside encore le parti Les Républicains (LR). Le tribunal judiciaire de Paris en a du moins décidé ainsi le 14 juin. Mais, pour les ténors de la droite, le Niçois est au mieux un César de papier, au pire un paria. Tous unis en apparence contre lui, tous prêts à sortir leur glaive contre le « traître », celui qui a osé pactiser dans leur dos avec l’extrême droite. « Au moins, il aura réussi à tous nous rassembler », ironisait Jean-François Copé lors du premier bureau politique du 12 juin.

« Dans le fond, toute cette histoire montre que Ciotti n’a jamais été aimé par les cadres, observe Julien Aubert. Personne ne l’a suivi dans son aventure. » Vice-président du parti, l’ancien député du Vaucluse s’était abstenu lors du second bureau, actant l’exclusion de d’Eric Ciotti. Lui plaide en vain pour « une trêve avant les législatives », quand plusieurs poids lourds s’activent pour organiser prochainement un nouveau « BP » (« bureau politique ») et enfin retirer l’épine Ciotti de leur pied.

Pourtant, le député sortant des Alpes-Maritimes a déjà quitté LR. Physiquement. Les employés du siège parisien ne le voient plus franchir le portail bleu du 4 place du Palais-Bourbon. Quand il quitte sa chère 1re circonscription pour la capitale, il file d’un studio radio à un plateau de télévision pour fustiger les fameux « chapeaux à plumes ». A l’entendre, ces « vieilles barbes » seraient déconnectées d’un peuple de droite favorable à cet accord politique avec le Rassemblement national (RN). « Les ténors sont enfermés depuis des années dans une forme d’immobilisme, d’impuissance et de confort, et ça les gêne de changer ce qui ne fonctionne plus », déclarait, le 14 juin sur Europe 1, celui qui préfère désormais la compagnie du président du RN, Jordan Bardella.

Le refrain populiste est facile à retenir. Le nouvel allié de l’extrême droite plaide « le bon sens » et dit avoir le soutien des militants… mais repousse leur consultation après les élections législatives. Un cadre du parti résume la situation : « Les militants sont peut-être favorables à cette union des droites, mais les élus locaux s’y opposent, car ils composent avec des macronistes dans leur majorité. Or, nous avons de moins en moins de militants, et toujours beaucoup d’élus. »

Des indulgents désignés

Eric Ciotti cible ainsi le premier d’entre eux, Gérard Larcher. Le président du Sénat est accusé d’être le grand orchestrateur d’alliances souterraines avec la majorité sortante, comme dans son département des Yvelines. Eric Ciotti pointe aussi l’absence d’adversaires macronistes face aux plus virulents à demander son exclusion. C’est le cas, dans le Val-de-Marne, de Vincent Jeanbrun, porte-parole démissionnaire de LR, selon lequel Eric Ciotti « a signé les accords de Munich » avec ce ralliement à l’extrême droite.

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