Gérald Darmanin met en sourdine ses accents droitiers pour l’emporter dans le Nord

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Mutique. Ce lundi 1er juillet, Gérald Darmanin, assis en face du président de la République, ne dit mot. Depuis le salon Murat, à l’Elysée, Emmanuel Macron, comme le premier ministre, Gabriel Attal, tonnent contre le Rassemblement national (RN) et grondent ceux qui, au sein du gouvernement, mettent sur le même plan la menace de l’extrême droite, aux portes du pouvoir depuis le premier tour des législatives le 30 juin, et La France insoumise (LFI), qui n’a aucune chance d’avoir une majorité absolue.

Pour le second tour, le 7 juillet, la ligne du « ni-ni » (pour ni RN, ni LFI), à même de faire gagner des sièges à l’extrême droite, n’a plus sa place dans cette dernière semaine de campagne, expliquent les deux têtes de l’exécutif.

Les ministres Bruno Le Maire, Catherine Vautrin, Christophe Béchu, Olivia Grégoire, Aurore Bergé protestent. Cette dernière, candidate dans les Yvelines, parle du « déshonneur de la gauche » de s’allier à LFI, guettant un soutien de Gérald Darmanin. « Bergé et Darmanin s’envoyaient des papiers », observe un participant. Le ministre de l’intérieur est un ancien du parti Les Républicains (LR), comme tous les partisans du « ni-ni ». Et « Gérald » est coutumier des algarades avec Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens.

Lire aussi l’analyse : Article réservé à nos abonnés Gérald Darmanin et l’« ultragauche », un raccourci très politique

Le 27 juin, il commente encore une intervention télévisée du leader des « insoumis » contre la police. « Jean-Luc Mélenchon et l’extrême gauche une nouvelle fois dans l’infâme et dans la haine des forces de l’ordre (…) Cracher sur le cercueil de nos policiers et de nos gendarmes pour quelques voix… à vomir », écrit le locataire de la place Beauvau, sur son compte Facebook. Mais lorsque Aurore Bergé se tourne vers lui, l’élu de Tourcoing baisse les yeux.

Une image peu vendeuse

Dans sa circonscription du Nord, Gérald Darmanin sait qu’il a besoin des voix de la gauche pour l’emporter. S’il est arrivé en tête, le 30 juin, avec 36,03 %, moins d’un millier de voix le séparent de son adversaire RN Bastien Verbrugghe (34,31 %). Aux dires des sondeurs, l’ex-LR a toutes les chances de l’emporter depuis que la candidate LFI, Leslie Montreux, arrivée en troisième position avec 24,82 %, s’est désistée en sa faveur pour éviter une triangulaire. Mais le ministre de l’intérieur n’a pas droit à la faute. Alors il se tait.

L’image du premier flic de France, prompt à attaquer les « écoterroristes » et à fustiger « l’ensauvagement » du pays, n’est pas vendeuse auprès des sympathisants de gauche. Pas question de les dissuader de voter en sa faveur. Fini, donc, les attaques contre le « terrorisme intellectuel d’extrême gauche », tout comme les caméras et les grands reportages dans Paris Match, où il pose avec ses enfants dans son bureau du ministère de l’intérieur, façon Nicolas Sarkozy. Gérald Darmanin ne veut plus de presse « parisienne » autour de lui, de peur de faire fuir les électeurs, fait savoir son entourage.

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