« Il faut trouver les voies d’un nouveau compromis pour toutes les communautés »

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L’incendie est rallumé en Kanaky – Nouvelle-Calédonie. Il était prévisible et prévu, sauf peut-être pour le gouvernement français et le service de renseignement territorial local, aveuglés par les rodomontades des loyalistes. Le territoire a connu près de quarante ans de paix, depuis les accords de Matignon de 1988, car les deux camps en présence ont fait le choix du compromis, et l’Etat, celui de l’impartialité entre indépendantistes et loyalistes.

Trois référendums clivants se sont succédé (en 2018, 2020, 2021). Ils n’ont rien réglé et ont affermi le « vote ethnique », où les Calédoniens d’origine européenne sont pour la France et les autochtones pour l’indépendance. La troisième consultation, en 2021, maintenue par l’Etat contre l’avis des indépendantistes, a tranché en faveur de la France (à 96,49 % – mais avec seulement 43 % de participation, ce qui est un désaveu démocratique). Ce référendum a soulevé des réserves dans le cadre de la 78e session de l’Organisations des Nations unies, au point que l’Assemblée générale a engagé « vivement toutes les parties concernées (…) à poursuivre leur dialogue dans le cadre de l’accord de Nouméa [1998] ».

Ce n’est pas le point de vue des loyalistes. On regrettera que leur cheffe de file, Sonia Backès, ait décidé de recourir à la menace, en usant, le 28 mars, d’une grossièreté indigne de qui fut ministre de la République : « Je vais leur dire à eux [les indépendantistes] : on a été gentils, trop gentils. Mais c’est terminé. (…) On va plus se laisser faire ! (…) On ne partira pas, on va se battre. Je le dis à Paris aujourd’hui, aux parlementaires qui tremblent. Le bordel, c’est nous qui le mettrons si on essaie de nous marcher dessus ! » Et il est encore plus préoccupant de voir l’Etat prendre parti pour ces va-t-en-guerre et épouser les revendications d’une moitié des îliens contre l’autre.

Corps électoral

En effet les loyalistes et le gouvernement français feignent de considérer que les accords de Nouméa sont parvenus à leur terme, après le vote du troisième référendum. Avec le projet de loi adopté, le 15 mai, à l’Assemblée nationale, qui ouvre le vote aux prochaines élections provinciales à tous les résidents de Nouvelle-Calédonie en dix ans, l’Etat se juge en capacité de modifier unilatéralement la composition du corps électoral de ce pays d’outre-mer, malgré l’opposition du peuple kanak. On s’achemine visiblement vers un détricotage graduel de la loi organique de 1999, qui définissait le statut de la citoyenneté néo-calédonienne.

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