Jordan Bardella en quête de légitimité et d’humilité face à Gabriel Attal

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Jordan Bardella rêve-t-il déjà de l’Elysée ? Ou prend-il seulement exemple sur Emmanuel Macron pour préparer ses interventions télévisées ? A l’occasion de son duel, le 2 mai, face à Valérie Hayer, le président du Rassemblement national (RN) a étrangement repris à son compte plusieurs répliques proférées par l’actuel chef de l’Etat, en mai 2017, lors du débat d’entre-deux tours qui l’opposait à Marine Le Pen. « Je n’ai pas besoin d’un ventriloque », « vous n’êtes pas la candidate de l’esprit de finesse », « c’est bien triste pour vous, ça démontre, sans doute, votre impréparation sur les sujets de fond » : le surprenant mimétisme, compilé par l’émission Quotidien et diffusé sur les réseaux sociaux, a d’abord fait sourire au RN. Avant d’alerter ceux qui, sept ans auparavant, ne voyaient que mépris dans ces remarques adressées à leur candidate.

Sitôt fini le débat face à la tête de liste macroniste, Jordan Bardella a reconnu auprès de son entourage s’être parfois senti « à la limite de la méchanceté ». Plusieurs proches lui ont rappelé les jours suivants les risques d’un excès d’arrogance, ce vilain défaut dont le parti d’extrême droite affuble Emmanuel Macron et ses troupes pour se poser en meilleur connaisseur et défenseur du « peuple ». La leçon n’a semble-t-il pas été retenue.

Lors du premier débat mêlant les huit principales têtes de liste de l’élection, organisé mardi 21 mai sur LCI, le président du RN s’est plu à recycler une tirade de l’espion parodique du film OSS 117 (interprété à l’écran par Jean Dujardin) – « Il s’agirait de grandir » – à l’encontre de son concurrent Léon Deffontaines, moquant le fait que ce dernier puisse s’affirmer « communiste en 2024 ». Une référence à l’agent secret, caricaturalement prétentieux, teinté de cette suffisance que plusieurs dirigeants RN voient poindre chez leur favori. Certains d’entre eux l’ont prévenu qu’une telle inclinaison serait périlleuse le 23 mai contre Gabriel Attal, jugé par les lepénistes « plutôt sympathique et pas irritant ».

Officiellement, donc, l’heure est à « l’humilité » face au premier ministre. Les angles d’attaque les plus probables de Gabriel Attal – antisémitisme du fondateur du Front national (FN, devenu RN) Jean-Marie Le Pen ; dilettantisme au Parlement européen ; défense de Vladimir Poutine et autres autocrates par le neuvième de liste (Thierry Mariani) – ont été préparés. L’eurodéputé est prêt à dénoncer en retour les conséquences de la prétendue « Europe de Macron ». Avant même le débat, aucun responsable du RN ne manque de s’attribuer une « victoire » par l’existence même de la joute. Une validation par les deux têtes de l’exécutif de la stratégie du « ticket » inlassablement déroulée par Marine Le Pen, depuis le mois de janvier, selon eux : elle, comme aspirante présidente de la République ; Jordan Bardella, comme premier ministre.

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