Gilles Le Gendre, figure macroniste et député de Paris depuis sept ans, se retrouve en rupture de ban. Renaissance, le parti présidentiel, a refusé de l’investir dans la 2e circonscription de Paris, lui préférant un proche de la ministre de la culture, Rachida Dati. Même s’il ne bénéficie pas de l’étiquette de son mouvement, il a décidé de se présenter aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, entrant de facto en dissidence.
A ses yeux, le président de la République a pris un « risque inutile et dangereux » en dissolvant l’Assemblée nationale, le 9 juin, après la défaite du camp présidentiel aux élections européennes. L’ancien chef de file des députés macronistes craint que sa famille politique ne devienne « la minorité de l’effacement ». Il appelle son camp à donner des consignes de vote au soir du premier tour pour empêcher le Rassemblement national (RN) « de prendre le contrôle de nos institutions ».
Neuf jours après l’annonce de la dissolution, quelle interprétation faites-vous du choix d’Emmanuel Macron de convoquer des législatives anticipées ?
C’est une décision insensée, en ceci qu’elle n’a pas de sens. Je ne trouve personne ni dans les rangs de notre majorité ni parmi les dirigeants de mon parti et encore moins parmi les électeurs, à la rencontre desquels je suis retourné depuis trois jours, qui la comprenne ou l’approuve. Maintenant qu’elle est prise, cela ne sert à rien d’épiloguer sur ce qu’on aurait dû faire ou non. Il y a le feu. Nous n’avons pas le droit de négliger le moindre moyen d’apaiser les flammes. Cette situation nouvelle nous oblige à aller de l’avant et à limiter les dégâts.
Comment percevez-vous la recomposition politique qui découle de cette dissolution, notamment entre le camp présidentiel, le Nouveau Front populaire et le RN ?
Il s’agit davantage d’une décomposition que d’une recomposition. La situation est si instable, le paysage politique si désolé que tout pronostic définitif serait hasardeux. Et si tout peut arriver, le pire n’est pas certain. Une fois qu’on a dit ça, ma conviction est que le président de la République a pris le risque, inutile et dangereux, que la crise politique larvée qui abîme notre pays depuis des années devienne une crise avérée. Dans ce cas, il faut redouter que nous ne soyons plus capables d’en maîtriser les conséquences, que les fractures du pays s’enveniment et que l’action publique soit paralysée, et cela, au moment où les Français, par leur vote, exigent qu’elle recouvre son efficacité. C’est bien ça l’enjeu de ce scrutin.
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