la double banalisation du RN

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Le Rassemblement national (RN) ne pouvait pas rêver mieux. A moins de quinze jours du premier tour des élections législatives anticipées du 30 juin, la formation d’extrême droite bénéficie d’une situation inédite depuis sa naissance en 1972 sous le nom de Front national : c’est bien le parti qui se trouve en position de favori (la liste de son président, Jordan Bardella, a réuni 31,4 % des suffrages lors des élections européennes du 9 juin). Un avantage qui peut encore être démultiplié par le jeu d’une sorte de double « banalisation », du fait de l’attitude de certains de ses adversaires directs, La France insoumise (LFI) et les ténors de la majorité présidentielle.

Pour les premiers – notamment leur leader Jean-Luc Mélenchon –, « Jordan Bardella, c’est Macron en pire ». Dans un entretien donné à 20 minutes, samedi 15 juin, M. Mélenchon a assuré ainsi que « Bardella, c’est du Macron aggravé. Il en a déjà la politique. Il vient d’accepter la retraite à 64 ans. (…) Bardella, c’est l’arnaque sociale, de nouvelles brutalités racistes et la ruine de la Sécurité sociale privée de cotisations ». En faisant cela, les « insoumis » espèrent se substituer au RN comme force d’opposition radicale et montrer qu’il n’y a que deux camps : eux ou un supposé lepéno-macronisme. Si les fidèles de l’ancien sénateur socialiste reprennent sans ciller cette analyse, ce n’est pas le cas du reste des partenaires de LFI au sein du Nouveau Front populaire. Socialistes, communistes et écologistes continuent de faire la distinction entre les positions des deux partis.

Pour les seconds, les macronistes, le Rassemblement national équivaudrait, dans les risques qu’il fait courir au pays, à La France insoumise, principale force de la gauche jusqu’à récemment. Plusieurs figures du camp d’Emmanuel Macron les mettent sur le même plan. Il en va ainsi, par exemple, du ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, qui « refuse » de choisir en cas de second tour entre un candidat « insoumis » sous la bannière du Nouveau Front populaire et un candidat lepéniste. De même, les représentants du chef de l’Etat renvoient très souvent dos à dos la Nouveau Front populaire et le RN en parlant de la notion floue des « extrêmes » et en ne donnant pas (encore) de consigne systématique de vote contre la formation d’extrême droite.

Ces deux stratégies électorales ont, en réalité, un seul et même effet : renforcer la banalisation de l’extrême droite. Pour les « insoumis », voir le RN accéder au gouvernement serait une sorte de continuité des sept années écoulées depuis la première victoire d’Emmanuel Macron en 2017. Tandis que les macronistes mettent sur un pied d’égalité une partie de la gauche et le parti lepéniste. Toutes ces stratégies traduisent une méconnaissance du parti à la flamme.

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