Lors de la réforme des retraites, en 2023, Aurélien Pradié (Les Républicains, LR) avait défié l’autorité d’Eric Ciotti. L’affaire lui avait coûté son poste de numéro deux du parti. Ce mercredi, il a voté, comme l’ensemble du bureau politique, l’exclusion du président de LR, après l’annonce de l’accord de ce dernier avec le Rassemblement national (RN). Pour l’élu de 38 ans, cette crise doit être l’occasion pour la droite républicaine de se reconstruire. Et pourquoi pas avec un nouveau nom de parti.
Que signifie l’exclusion d’Eric Ciotti pour Les Républicains ?
Les responsables de la droite ont pris cette décision à l’unanimité pour la première fois depuis très longtemps. Peut-être que lorsque l’essentiel est en jeu, chacun arrive à effacer ses petites différences. Lorsque vous êtes un responsable politique comme Eric Ciotti et que, pour sauver votre petite place, vous sacrifiez l’histoire de la droite gaulliste qui ne s’est jamais associée avec l’extrême droite, vous êtes un des acteurs du pourrissement des comportements dans la vie politique et vous bafouez son code d’honneur.
Nous nous sommes habitués aux trahisons de toutes sortes. Quitter sa famille pour un poste ministériel est devenu la règle, quand, avant, c’était l’exception. Je craignais que cette ambiance générale donne des idées à certains. Cela a été le cas pour Eric Ciotti.
Mais vous l’avez toujours soupçonné en privé d’être prêt à se « vendre » pour un poste de ministre…
Oui, je l’avais senti tenté par la Macronie après l’épisode des retraites, en 2023. Mais tout cela ajoute à son déshonneur. Etre capable de vous vendre à n’importe qui, cela fait de vous un véritable opportuniste. Au fond, à mesure que le politique n’a plus eu de prise sur les changements du monde, il ne lui est resté que la partie la plus dérisoire : les honneurs. Comme le gyrophare sur la voiture du ministre.
Cette crise sans précédent peut-elle se révéler salutaire pour LR ?
La droite a trop hésité à affirmer son indépendance et se rêvant en partie de gouvernement qu’elle n’est plus, elle a cherché à gouverner à tout prix. Hier, en flirtant avec la Macronie, aujourd’hui, pour Eric Ciotti, en s’alliant avec Marine Le Pen. C’est le même phénomène. L’épisode Ciotti peut être l’année zéro de la refondation d’une droite républicaine ou alors la fin de l’histoire.
Eric Ciotti dit que les militants approuvent cet accord avec le RN et souhaite les faire voter. Craignez-vous que votre position soit désavouée par votre base ?
Comme tous les militants, ce qu’ils veulent, c’est gagner. S’ils en arrivent à penser que pour cela il faut se vendre à Marine Le Pen ou à Emmanuel Macron, c’est que nous avons perdu notre capacité à donner espoir. Je veux le leur redonner. Mais, au-delà des adhérents LR, je vois les Français. Je ne les laisserai pas étouffer entre Mme Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Depuis dimanche soir, on ne parle que tambouille politique, que ce soit entre le RN et Reconquête !, ou à gauche avec la « nouvelle » Nupes. Il faut mesurer la diversion et le divertissement dans lequel nous sommes en train de tomber. Plus les enjeux sont immenses, plus nous cédons au spectacle du cirque. Et M. Macron est celui qui remet à chaque fois un billet sur la table pour refaire un tour de piste.
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