La gauche s’indigne au lendemain d’une lourde charge d’Emmanuel Macron contre le Nouveau Front populaire

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En déplacement à l’île de Sein (Finistère) pour célébrer le 84e anniversaire de l’appel du 18 juin, Emmanuel Macron a qualifié le programme du Nouveau Front populaire de « totalement immigrationniste ». Ils proposent « d’abolir toutes les lois qui permettent de contrôler l’immigration », a-t-il martelé devant des journalistes. Le chef de l’Etat a aussi dénoncé « des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie » dans le programme de la gauche, qui propose d’« autoriser le changement d’état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil ».

Prié par une partie de ses troupes de ne pas s’afficher dans la campagne, Emmanuel Macron ne reste pourtant pas avare de déclarations, et celles-ci ont suscité l’ire des responsables de la nouvelle union.

« On attendait Jupiter, on a eu Néron », a taclé sur RTL le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. « Comment est-il possible que cet homme qui a été élu et réélu pour faire face à l’extrême droite enchaîne en réalité les reprises du discours de l’extrême droite ? »

« Le président de la République perd ses nerfs en attaquant le programme du Front populaire là-dessus. (…) Je le sens un peu fébrile », a commenté le patron des communistes, Fabien Roussel, sur Franceinfo.

A son tour, la Fondation Abbé Pierre a exhorté mercredi sur X à se mobiliser contre « les idées d’extrême droite qui portent atteinte aux valeurs de cohésion sociale ». Sur France Inter, le délégué général de la fondation a rappelé que « l’extrême droite n’a pas changé ».

Dès mardi soir, peu après la diffusion d’un extrait des propos d’Emmanuel Macron par BFM-TV, Jean-Luc Mélenchon s’était interrogé sur X : le président de la République « est-il toujours dans la réalité ? Il veut couper les routes de la résistance au RN au deuxième tour ? Alerte ».

« Les propos du président sur le changement de genre officiel sont indignes. Cette possibilité existe déjà dans la loi. Le président ignore la dose de souffrances que cela implique pour les personnes concernées », avait ajouté le chef de file de La France insoumise (LFI). Pour l’« insoumis » François Ruffin, Emmanuel Macron « a choisi son camp, pour lui mieux vaut le national autoritaire que le Front populaire ».

« Ce n’est pas “ubuesque” et ce n’est pas “l’extrême gauche” »

« Ce qui est ubuesque, à ce niveau de responsabilité et dans ce moment où l’union est vitale, c’est ce mépris » a également critiqué mardi soir Emmanuel Grégoire, premier adjoint socialiste à la Mairie de Paris et candidat sous l’étiquette du Nouveau Front populaire.

« Passer devant un tribunal, pour obtenir la clémence de juges qui projettent sur nous leurs stéréotypes pour déterminer qui nous sommes, c’est humiliant et dégradant », a déclaré mardi soir sur X la maire, transgenre, de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord), Marie Cau. « Ce n’est pas “ubuesque” et ce n’est pas “l’extrême gauche”. C’est la condition de la liberté, de l’égalité, et de l’absence de discriminations », a fustigé sur X la sénatrice écologiste Mélanie Vogel.

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Pour la présidente et porte-parole de SOS Homophobie, Julia Torlet, la « stratégie » de M. Macron vise à « instrumentaliser les minorités dans la course au pouvoir », a-t-elle réagi mardi soir, toujours sur X.

Andy Kerbrat, député « insoumis » sortant, avait récemment déclaré au magazine Têtu que le Nouveau Front populaire intégrait dans son programme le changement d’état civil des personnes transgenres sur simple demande en mairie. Dans un post Instagram, l’association OUTrans rappelle que « cette mesure est réclamée depuis huit ans par le Défenseur des droits [Jacques Toubon en 2016, puis Claire Hédon, qui tient la même position] ».

Les associations LGBT + « atterrées »

« Ces propos sont très choquants, nous sommes atterrés », a déclaré à l’Agence France-Presse le président de l’Inter-LGBT James Leperlier. « C’est d’autant plus inquiétant vu le contexte actuel de transphobie : c’est ajouter de l’huile sur un feu qui est déjà ardent. »

« C’est le signe qu’ils n’hésiteront pas à revenir sur nos droits, ne serait-ce que dans le débat, pour racoler des voix », a-t-il ajouté, en dénonçant « un glissement dangereux » et la « porte ouverte vers des propositions de loi transphobes et LGBTphobes ».

« Emmanuel Macron convoque la transphobie pour attaquer les programmes de ses opposant·e·s politiques », a réagi SOS Homophobie sur son compte X. « La stratégie est donc claire : instrumentaliser les minorités dans la course au pouvoir. »

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Changer de sexe, un long parcours chirurgical

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