la question industrielle s’invite dans la campagne électorale

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Pour Emmanuel Macron, si l’Europe peut être « mortelle », son industrie a d’ores et déjà besoin d’un électrochoc. Dans son discours prononcé à la Sorbonne, jeudi 25 avril, le chef de l’Etat a appelé l’Union européenne (UE) à cesser d’être « naïve » dans la compétition mondiale avec les Etats-Unis et la Chine. « Nous devons changer de modèle économique en Europe », a-t-il déclaré, car « les Etats-Unis et la Chine ont décidé de ne plus respecter les règles mondiales du commerce ». En cause notamment, l’Inflation Reduction Act (IRA), le plan d’investissement américain décidé par le président, Joe Biden, en 2022 pour favoriser les industriels outre-Atlantique, et la politique de subventions de la Chine envers ses entreprises dans les secteurs verts.

Pour le président de la République, l’UE doit répondre par « un choc d’investissements communs », quitte à « déroger » à ses règles de libre concurrence. L’Europe doit notamment devenir d’ici 2030 un « leader mondial » dans cinq « secteurs stratégiques de demain » : l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, l’espace, les biotechnologies et les nouvelles énergies.

Avant même le discours à la Sorbonne, les enjeux industriels s’étaient invités dans la campagne des élections européennes du 9 juin. Car « l’autonomie stratégique » défendue par le chef de l’Etat est mise à mal par plusieurs annonces récentes concernant des entreprises françaises. Dans le solaire – pourtant une priorité affichée du gouvernement –, Systovi, fabricant de panneaux photovoltaïques installé près de Nantes (87 salariés), stoppe ses activités. Placée en liquidation judiciaire, l’entreprise est incapable de faire face au dumping chinois sur les prix.

Dans la verrerie, la marque historique Duralex (fondée en 1945), grevée par la baisse de la demande et la hausse de ses coûts énergétiques, recherche un repreneur pour son usine de 230 salariés près d’Orléans. Dans la santé enfin, le producteur de médicaments génériques Biogaran (plus de 8 000 salariés et 39 sites en France) est mis en vente par le groupe Servier, et pourrait être cédé à un entrepreneur indien. Trois exemples qui illustrent, chacun à sa façon, certains handicaps de l’industrie française et européenne face au couple Asie-Amérique : la compétitivité sur les prix, le coût de l’énergie et la tentation des délocalisations.

« La Chine nous tue, l’Europe cautionne »

Pour les adversaires de la coalition présidentielle aux élections du 9 juin, ces tensions témoignent des écueils de la politique économique communautaire. Dans son programme électoral, présenté jeudi par sa tête de liste, Jordan Bardella, le Rassemblement national veut notamment mettre fin à la « concurrence déloyale sauvage à la fois extra-européenne et intra-européenne » pour « réindustrialiser la France ».

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