le chef de la CCAT et plusieurs indépendantistes envoyés en détention provisoire en métropole

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Leurs avocats n’en reviennent pas eux-mêmes. Les membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), déférés samedi 22 juin au matin au tribunal de Nouméa pour être entendus par un juge d’instruction, puis par le juge des libertés et de la détention, se sont vus notifier leur détention provisoire en France. Ils devaient prendre un avion spécialement affrété dans la nuit, à destination de Riom, Bourges, Dijon, Mulhouse ou encore Blois. A 17 000 kilomètres de chez eux. Le juge des libertés et de la détention a refusé la publicité des débats, ce sont donc des conseils « abasourdis », qui sont sortis un à un de la salle d’audience, pour annoncer la nouvelle à des familles tout aussi médusées.

Considéré comme le leader de la CCAT, Christian Tein, 56 ans, est envoyé à la maison d’arrêt de Mulhouse. Brenda Wanabo, en charge de la communication de l’organisation, à Dijon.

Me Pierre Ortet, l’avocat de Christian Tein, se dit « stupéfait » par une décision « qui relève de l’exceptionnel, et sur laquelle on n’a pas pu débattre ». « A aucun moment, l’emprisonnement en métropole n’a été évoqué au cours des débats. Ça a été annoncé à ma cliente au moment du délibéré. Trop tard pour argumenter », confirme Me Thomas Gruet, conseil de Brenda Wanabo. La jeune femme laisse en Nouvelle-Calédonie trois enfants, dont l’un va avoir quatre ans dans quelques jours. « Il est clair que sa famille ne pourra pas faire le voyage pour lui rendre visite », regrette Thomas Gruet, qui fera appel, à l’instar de ses confrères.

« Les dés étaient pipés d’avance »

Les avocats sont d’autant plus surpris que les transferts vers la métropole, extrêmement rares et qui concernent habituellement des détenus condamnés et volontaires pour le départ, sont très longs à organiser et peuvent prendre jusqu’à plusieurs mois. « Là, il y a déjà un avion prêt à les emmener ? C’est impossible qu’une telle logistique n’ait pas été décidée avant même les audiences », imagine l’un d’entre eux.

« Selon moi, dans cette affaire, les dés étaient pipés d’avance, renchérit Me Stéphane Bonomo. J’ai l’impression que le juge des libertés et de la détention avait une liste préalable de maisons d’arrêt en métropole et que l’affectation se fait au petit bonheur la chance. Pour moi, c’était cousu d’avance. » Me Christelle Affoue s’inquiète, elle, des droits de la défense, « avec nos clients en métropole et nous ici, ça va être très compliqué d’organiser une défense correcte».

Les onze militants avaient été placés en garde à vue mercredi 19 juin. Il leur est reproché d’être les commanditaires des violences qui ont fait neuf morts en Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai et au bas mot 1,5 milliard d’euros de dégâts. Des accusations niées par les intéressés, qui se présentent comme des « combattants de la liberté » et ont toujours publiquement appelé à une mobilisation pacifique. Leurs soutiens dénoncent pour leur part la partialité de « la justice coloniale », face à des militants dont certains sont des personnalités établies de la sphère indépendantiste.

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