Le départ d’Agnès Saal, haute fonctionnaire à l’égalité et à la diversité, fait des vagues

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La perspective d’une victoire du Rassemblement national (RN) aux prochaines législatives agite depuis deux semaines le monde de la culture, inquiet de voir ses libertés rognées. Dans les conseils régionaux, comme à l’Assemblée nationale, le parti s’est régulièrement montré hostile aux projets artistiques liés au genre, à l’immigration et plus généralement au multiculturalisme. C’est dans ce contexte de fébrilité que les professionnels de la culture ont découvert, le 24 juin, dans deux articles de la Lettre et du Journal des arts, qu’Agnès Saal, haute fonctionnaire à l’égalité, à la diversité et à la prévention des discriminations, avait été priée de faire ses cartons. Pour ses proches, il ne fait pas de doute que cette décision est liée à la possible arrivée au pouvoir du RN le 7 juillet.

Le poste, que l’énarque occupait depuis 2018, est habituellement d’une durée de trois ans. Forte d’un bilan unanimement salué, Agnès Saal avait été reconduite chaque année. Son contrat expirant le 31 août, elle a manifesté son désir de rester en poste. Le 13 juin, Luc Allaire, secrétaire général du ministère de la culture, lui a signifié qu’elle ne serait pas reconduite. Sept jours plus tard, elle est reçue pour un second entretien, accompagnée cette fois par Alexis Fritche, secrétaire général de la CFDT-Culture. Luc Allaire déroule ses motifs, imparables juridiquement : la durée maximum pour un emploi « fonctionnel » est de six ans. Le sujet est sensible, complexe, fragile, les temps menaçants. Il faut, pour défendre la cause des femmes et des minorités, une personne qui puisse être en poste durant trois ans, lui dit-il en substance. Agnès Saal sera atteinte en décembre 2025 par la limite d’âge. « Ce n’était pas agréable, mais transparent », rapporte Alexis Fritche.

Diversité ethnoraciale

Entre Agnès Saal et Luc Allaire, tous deux énarques, les relations sont notoirement tendues. « Agnès est trop électron libre, trop autonome, trop engagée, elle s’est totalement identifiée à ce poste, un peu trop sans doute », fait remarquer un proche du dossier. Leur divergence, ajoute ce familier de la rue de Valois, « n’est pas de point de vue, mais de méthode ». Comprendre : Agnès Saal bousculait régulièrement sa hiérarchie, voire parfois la court-circuitait pour faire avancer les dossiers. « C’est vrai qu’elle porte ce sujet avec engagement », revendique un de ses proches. « Elle est militante mais pas encartée. »

Condamnée à deux reprises par la justice pour des notes de taxi pharaoniques au Centre Pompidou, dont elle était directrice générale entre 2007 et 2014, puis à l’INA, dont elle fut l’éphémère présidente de mai 2014 à avril 2015, Agnès Saal avait rejoint le ministère de la culture en 2016 après une exclusion temporaire de la fonction publique. Elle avait embrassé la question de la diversité et de l’égalité avec passion, quitte à mettre ses équipes sous pression. Son dernier cheval de bataille ? La diversité ethnoraciale. « Un terrain miné, admet un familier de ces dossiers. Mais il faut bien comprendre que c’est un critère de discrimination majeure, l’ignorer c’est problématique pour l’état déliquescent de notre société. »

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