La « vie chère » mine les outre-mer, et le sujet n’a pas manqué d’enflammer les élus de ces territoires, réunis lundi 18 novembre à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), pour le congrès annuel de l’Association des maires de France (AMF). Sur ce sujet, « l’heure de vérité est arrivée, il faut tout mettre sur la table maintenant », a assuré le ministre des outre-mer. Selon François-Noël Buffet, l’accord signé en Martinique « est bon », car les grands groupes de distribution békés, pointés du doigt par la gauche, ont fait un effort réel sur les prix de nombreux produits. Face au mouvement de protestation porté par le contesté Rodrigue Petitot à Fort-de-France, M. Buffet estime que le gouvernement doit reprendre la main d’une façon ou d’une autre, espérant ainsi entraîner avec lui des élus malmenés par les collectifs citoyens.
Mais, en pleine bataille sur un budget d’austérité, que promettre si ce n’est de l’attention ? « Commençons par faire le constat », s’est ainsi contenté d’annoncer le ministre. Cette position déceptive a suscité la réprobation bruyante des maires, car de nombreux rapports ont déjà analysé les mécanismes qui poussent les prix outre-mer vers des sommets. En 2023, une commission d’enquête a même été conduite sur ce sujet par l’Assemblée nationale.
Du temps gagné, encore ? C’est certain sur le dossier de l’octroi de mer, cette taxe sur les biens importés qui a été accusée de nourrir la hausse des prix : « En 2025, la réforme ne sera pas appliquée », a indiqué le ministre. Le gouvernement d’Elisabeth Borne l’avait pourtant inscrite à l’agenda, arguant que Bruxelles ne tolérerait plus très longtemps cette exception, apparentée à un droit de douane au sein de l’Union européenne.
Le sujet continue de provoquer de très vifs débats parmi les collectivités locales, car l’octroi de mer compte pour 35 % de leurs recettes en moyenne. La crainte de sa suppression au profit de la TVA, qui leur ferait perdre cette autonomie fiscale, les mobilise. « Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage », a lancé Sophie Charles, élue de Saint-Laurent-du-Maroni (sans étiquette), en Guyane : « Si on enlève l’octroi de mer, nos populations vont déchanter car les prix resteront très hauts. » La responsabilité des collectivités ne peut être écartée, a tenté Yan Monplaisir, maire de Saint-Joseph (divers droite), en Martinique, en rappelant que le taux d’octroi de mer sur le riz s’élevait à 22 %, en contradiction avec l’idée de préserver les produits de première nécessité de l’inflation.
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