le monde du renseignement circonspect face aux intentions du RN

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Le monde du renseignement, qui se définit comme le premier rempart face aux dangers qui menacent le pays, est resté assez circonspect après les annonces faites par les responsables du Rassemblement national (RN) sur le projet d’interdire aux binationaux l’accès aux postes dans ce domaine régalien. Ce type de dogme est tout d’abord contraire, selon les personnes interrogées par Le Monde, à la recherche d’efficacité qui réclame du pragmatisme, notamment face au terrorisme. De plus, cette idée leur paraît refléter une méconnaissance du monde du renseignement. Car ce n’est pas la binationalité qui crée la déloyauté. Et si elle peut créer un point de fragilité pour les agents concernés, les services secrets sont organisés pour gérer cet aspect depuis longtemps.

Les élections législatives, période de réserve oblige, n’ont pas rendu les espions très bavards, y compris ceux à la retraite. Déjà peu enclins, par nature, à s’épancher, ils savent aussi qu’une prise de parole, même anodine, peut leur coûter cher sur le plan professionnel. Olivier Mas, ancien officier revendiquant quinze ans de service à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) est l’un des rares à s’être exprimé publiquement mais c’est un habitué : il a quitté ce service en 2017 et anime, depuis, une chaîne YouTube sur le renseignement.

Il dénonce, pour sa part, « une mesure complètement absurde et contre-efficace » qui pourrait affaiblir la France face au terrorisme : « Au début des années 2000, lorsque le territoire européen a commencé à être frappé par les attentats d’Al-Qaida, la DGSE a décidé de recruter d’une manière significative des Français d’origine maghrébine. En particulier pour faire du contre-terrorisme et aider à infiltrer les groupes terroristes. » Les cas figures étant multiples, certains peuvent être binationaux.

Parmi les traducteurs, les binationaux ne sont pas rares

Un ancien chef de service de renseignement, en poste lors des attaques terroristes ayant touché la France, en 2015 et 2016, rappelle que les procédures d’habilitation sont là pour écarter tout risque lié à la binationalité. « C’est au cas par cas, nous enquêtons et traquons tous les possibles points de vulnérabilité et évaluons le rapport avantage/risque. La binationalité est un point parmi d’autres, plus le postulant vient d’un pays sensible, tel que la Russie, la Chine, la Tchétchénie, l’Algérie ou l’Iran, plus il sera susceptible de faire l’objet de pression si sa famille y vit toujours. Même si nous avons confiance en lui et qu’il est compétent, on ne le prendra pas. » Si un agent binational envoyé en opération dans le pays d’origine de sa famille était arrêté, il ne pourrait pas bénéficier de la protection consulaire due aux citoyens français.

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