Pas sûr que l’exercice ait rassuré grand monde, parmi les acteurs de l’éolien ou du solaire en France. Lundi 24 juin, le Rassemblement national (RN) a fini par présenter un programme en vue des législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet. Sans aucune mention, dans le document de douze pages présenté par le parti d’extrême droite, de ces deux sources renouvelables d’énergie électrique.
En 2022, le RN publiait un livret thématique sur l’écologie. Sa candidate à la présidentielle, Marine Le Pen, prévoyait alors « un moratoire » pour mettre en suspens tout nouveau projet d’éoliennes ou de panneaux solaires photovoltaïques. Capitalisant sur l’opposition de certains habitants à de tels projets, elle réclamait aussi la suspension des « subventions » pour ces énergies dites « intermittentes », ainsi que le « démantèlement progressif » des éoliennes déjà en place.
Deux ans plus tard, interrogé lundi en conférence de presse, Jordan Bardella entretient un certain flou. Le président du RN, qui se verrait premier ministre en cas de victoire aux législatives, confirme l’objectif d’« un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien ». Mais sans vouloir « démonter » avant l’heure les éoliennes « aujourd’hui en activité ».
A l’oral, la récente tête de liste aux élections européennes n’évoque plus la question d’un moratoire sur le solaire. Mais plutôt sa volonté de « recréer une filière de panneaux photovoltaïques en France », par l’instauration de « droits de douane au niveau européen ».
« L’impression d’un bricolage »
Comment interpréter la présentation de lundi ? « Ce programme écrit du RN donne l’impression d’un bricolage, il évite de se prononcer sur certains sujets », relève Julien Hostache, cofondateur d’Enerfip, plate-forme de financement participatif pour la transition énergétique. A l’inverse, le document plaide pour d’autres énergies renouvelables (hydraulique, biomasse, géothermie) et fait surtout la part belle au nucléaire, qui est déjà la principale source d’électricité bas carbone dans l’Hexagone.
Du côté des organisations professionnelles, l’inquiétude demeure. Dès le jeudi 13 juin, le syndicat des énergies renouvelables (SER) publiait un communiqué dénonçant implicitement l’impact potentiel des mesures proposées par le RN – sans jamais les citer et sans donner une consigne de vote précise. La « dynamique économique, sociale et territoriale » des énergies renouvelables « s’inscrit dans le temps long et ne peut subir de coup d’arrêt », faisait ainsi valoir le SER.
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