Trois semaines après avoir largement remporté le scrutin européen, le Rassemblement national (RN) a obtenu un nouveau score record, dimanche 30 juin, lors du premier tour des élections législatives anticipées. Le parti de Jordan Bardella, renforcé par les candidats désignés par le président des Républicains Eric Ciotti, pointe largement en tête. Il réunit 34 % des suffrages exprimés, selon les premières estimations de l’institut Ipsos Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et LCP Assemblée nationale. Dans le détail, le RN obtient 30 % et les LR soutenus par le RN 4 %.
Ce score situerait confortablement devant la gauche réunie sous les couleurs du Nouveau Front populaire (NFP, 28,1 %) et la majorité sortante d’Emmanuel Macron, qui avait dominé le premier tour des législatives 2022.
Jamais la formation d’extrême droite, fondée en 1972 par Jean-Marie Le Pen, n’avait franchi la barre des 20 % lors d’élections législatives. En nombre de voix, avec l’abstention de moins de 35 % des inscrits, l’ancien Front national (FN, devenu RN en 2018) dépassera très nettement son meilleur score réalisé au premier tour d’un scrutin, avec les 8,13 millions de voix rassemblées par Marine Le Pen à la présidentielle 2022.
Une dynamique malgré l’impréparation
Le patron du RN, Jordan Bardella, a répété depuis le 9 juin, et la dissolution de l’Assemblée nationale provoquée par Emmanuel Macron, qu’il refuserait d’être désigné premier ministre si son parti ne récoltait pas une majorité absolue (289 sièges). Il ne fait plus aucun doute, déjà, que le mouvement d’extrême droite disposera d’un nombre record de députés, bien supérieur aux 88 députés qui composaient le groupe sortant.
Le score national du RN au premier tour des législatives confirme la domination du parti d’extrême droite sur le paysage politique, après les 31,4 % réalisés le 9 juin aux européennes. L’impréparation de Jordan Bardella et de ses troupes, que cette campagne éclair a mis en évidence, n’a pas affecté la dynamique enregistrée à longueur de sondages.
Ni la faiblesse des ralliements apportés par Eric Ciotti (compensée par le soutien du milliardaire catholique conservateur Pierre-Edouard Stérin), ni les renoncements programmatiques du RN en matière économique ou sa volonté assumée de discriminer les binationaux parmi les Français pour accéder à certains emplois, n’auront enrayé la percée des héritiers de Jean-Marie Le Pen, plus proches que jamais du pouvoir.
