le rejet de l’écologie est-il un moteur du vote pour le Rassemblement national ?

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Le 1er mai dernier, date toujours importante pour les héritiers du Front national, Marine Le Pen délivre son traditionnel discours à Perpignan. Derrière un pupitre et à côté d’un drapeau français, elle déroule les thématiques cruciales pour le Rassemblement national (RN) avant les élections européennes. Et l’écologie y tient une place de choix.

L’ancienne candidate à l’élection présidentielle tempête contre « Bruxelles » qui « vous oblige, presque du jour au lendemain, à changer votre chaudière pour 15 000 euros », contre les « diminutions autoritaires des surfaces agricoles », contre cette « Commission européenne sans cœur ».

« N’ont-ils pas comme objectif la réduction de l’activité humaine dans son ensemble, lance-t-elle avant d’entremêler ses obsessions à la vie quotidienne des Français, une stratégie qui a porté le RN aux portes du pouvoir. C’est toujours la même logique de la décroissance qui les conduit à interdire la vente des moteurs thermiques en 2035 et programme ainsi volontairement la mise à sac de notre industrie automobile et la dépendance à la Chine. »

Lire aussi le décryptage : Article réservé à nos abonnés L’écologie, ce nouveau clivage politique que le Rassemblement national compte exploiter

« Localisme »

Longtemps invisibilisés ou moqués, les enjeux environnementaux font maintenant partie intégrante de l’arsenal tribunicien du RN. Après avoir tenté de construire sa propre doctrine sur ces sujets avec le « localisme », un concept issu de l’extrême droite identitaire, la formation populiste a décidé de mettre en place une tactique plus basique : repérer les sujets de crispation et surfer sur les ressentiments et les tensions générés par la transition écologique.

« Au moment de la crise des “gilets jaunes”, le RN a compris que la question climatique pouvait commencer à perturber la vie quotidienne et donc créer du mécontentement », résume Théodore Tallent, chercheur doctorant et enseignant à Sciences Po, auteur d’une récente note pour la Fondation Jean Jaurès sur le risque de backlash, c’est-à-dire le raidissement des opinions face à l’ampleur du défi. « Cela leur permet de trouver un nouveau moyen de critiquer Bruxelles, les élites, de prendre la défense des “petits” qui seraient opprimés par les “puissants”… », poursuit-il.

Lors des élections régionales 2021, Marine Le Pen s’était ainsi dressée contre les éoliennes, « un combat majeur, (…) une catastrophe, visuelle, écologique, économique ». Depuis 2021 et le vote de la loi Climat et résilience, ses proches ont dénoncé pêle-mêle les zones à faible émission (ZFE), le zéro artificialisation net (ZAN) avant de se jeter sur les barrages de la récente crise agricole pendant laquelle Jordan Bardella, président du RN, vitupérait contre « la tyrannie des ONG, le gouvernement des juges et l’Europe ».

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