“Le RN, il n’y a qu’eux qu’on n’a pas essayés” »

Date:

Il y a un fantôme, au Rassemblement national (RN). Le candidat de la quatrième circonscription de l’Eure, l’ancien fief électoral de Pierre Mendès France, est un homme dont personne n’a jamais entendu parler. L’enjeu est pourtant majeur : le RN a obtenu en 2022 quatre députés sur les cinq du département. Le dernier bastion à résister encore est tenu par Philippe Brun, membre du bureau politique du Parti socialiste (PS), élu – de justesse – en juin 2022, avec 350 voix d’avance (sur 19 825) sur Chrystelle Saulière (RN), une hôtesse de l’air, certes ancienne conseillère régionale, mais peu connue et aujourd’hui plutôt tentée par Eric Zemmour. Il y a deux ans, sa campagne avait été si discrète que peu d’électeurs avaient eu l’occasion de lui serrer la main.

La quatrième circonscription est donc gagnable pour le RN, d’autant que Jordan Bardella a obtenu 41,2 % des suffrages aux européennes dans la circonscription, comme d’ailleurs dans le reste du département, soit 10 points de plus que la moyenne nationale. Mais le nom du candidat d’extrême droite ne sera officiellement révélé que mercredi 19 juin, et c’est déjà bien tard pour une si courte campagne. Le député RN de la circonscription voisine, Timothée Houssin, a cependant laissé échapper, le 13 juin sur France Bleu Normandie, qu’il s’agissait d’un avocat, un certain « Patrick Pauper ». Les états-majors de campagne se sont précipités sur Internet pour découvrir le profil de l’heureux futur élu et ont fait chou blanc.

« Je ne le connais pas, a convenu Timothée Houssin, croisé le 14 juin sur le marché de Gisors, lui qui était pourtant secrétaire départemental du parti jusqu’à son élection. L’afflux des nouveaux membres est tel que je ne connais pas tout le monde. » Il s’agit, en réalité, de Patrice Pauper, un avocat de… Juvisy-sur-Orge, dans l’Essonne, plutôt versé dans le droit commercial. Il n’a aucune attache dans l’Eure, même pas un pied-à-terre – c’est légal, mais sans doute pas le meilleur moyen de se faire connaître.

« Sauter le pas »

Il est membre du RN, et un peu loin de sa circonscription. « Bah, 120 kilomètres », se contente de répondre le parachuté. Il est vrai que les électeurs du parti votent pour Jordan Bardella premier ministre, pas pour Me Pauper de Juvisy.

Jérôme Delamare, retraité, au marché de Gisors (Eure), le 14 juin 2024. « Cela fait des années que je vote pour le Rassemblement national. La raison ? L’immigration. Pour moi, Marine Le Pen et Jordan Bardella se complètent, même si j’ai tendance à penser que 28 ans, c’est peut-être un peu jeune pour être premier ministre. » Jérôme Delamare, retraité, au marché de Gisors (Eure), le 14 juin 2024. « Cela fait des années que je vote pour le Rassemblement national. La raison ? L’immigration. Pour moi, Marine Le Pen et Jordan Bardella se complètent, même si j’ai tendance à penser que 28 ans, c’est peut-être un peu jeune pour être premier ministre. »

Sur le marché de Gisors, les électeurs assument d’ailleurs paisiblement leur vote RN. Jérôme Delamare vote depuis des années pour le parti extrémiste. « A chaque attaque, ce sont toujours des musulmans ou des Maghrébins, dit le retraité. C’est pour ça que je vais voter Bardella, même si 28 ans, c’est un peu jeune pour être premier ministre… » Les troupes frontistes sont encore maigres : le candidat à l’entrée du marché, son suppléant à la sortie, et trois jeunes et aimables militants. Comme Mattéo Mulas, 19 ans, étudiant en histoire, qui a pris sa carte il y a quelques mois. « Je me suis décidé à sauter le pas parce que le parti me paraît aujourd’hui prêt à gouverner, estime le jeune homme. C’est le moment où tout peut changer. »

Il vous reste 68.66% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related