Cela aurait dû être son jour de gloire. Dimanche 21 avril, Marine Le Pen, en déplacement à Mayotte, fait acclamer Saidali Boina Hamissi. La cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) vient d’annoncer que le délégué départemental du parti dans l’île rejoint la liste conduite par Jordan Bardella pour les élections européennes du 9 juin. Une intronisation devant les quelque 300 membres de plusieurs collectifs citoyens, réunis à l’appel du Comité de défense des intérêts de Mayotte (Codim), sur le carrefour Ngwézi, dans le sud de l’île. Un des lieux de colère les plus radicaux contre le gouvernement lors la crise des barrages, en février.
La dirigeante du parti d’extrême droite salue la décision « historique » de Jordan Bardella de placer « pour la première fois » un Mahorais sur sa liste aux européennes. Si Saidali Boina Hamissi n’est qu’en 41e position, avec aucune chance d’être élu, c’est une façon de « soutenir Mayotte qui se trouve dans une situation désespérante », appuie Marine Le Pen, avant une salve d’applaudissements.
La candidature du représentant départemental du parti aura été aussi inédite qu’éphémère. Face à la polémique suscitée par des posts sur sa page Facebook, M. Hamissi a été retiré de la liste RN, a indiqué Franceinfo, mercredi 24 avril. En cause : des propos « racistes et conspirationnistes » qu’il a tenus, révélés par Libération, lundi. En septembre 2017, il qualifiait de « vermines » et de « cafards » des habitants comoriens d’un quartier de Mamoudzou.
« Propos extrêmement graves »
Dès le lendemain de l’annonce de sa présence sur la liste RN, deux ministres s’étaient empressées de le critiquer. M. Hamissi a « participé à des théories du complot, a des propos extrêmement graves et dangereux à l’endroit des femmes sur la soumission supposée des femmes par rapport à leur conjoint », avait accusé la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot. « Sexiste, raciste et… admirateur du président russe. En somme, le candidat idéal pour le Rassemblement national », a cinglé, de son côté, Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des outre-mer.
Interrogé sur les mots « vermines » et « cafards » employés par son candidat mahorais, Sébastien Chenu, vice-président du RN, s’est dit « pas fan de ce genre d’expressions » qui le « choquent ». Avant d’ajouter toutefois : « Quand on met les gens à bout, il ne faut pas s’étonner qu’une expression soit un peu verte. » Une référence à la situation dans le 101e département français où a débuté la semaine dernière l’opération « Mayotte place nette » contre la délinquance de bandes, l’immigration clandestine et l’habitat illégal.
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